Nous sommes bien vivants, Benjamin Regonesi
Benjamin Regonesi © Lili Nodrev |
Nous sommes bien vivants
Discours prononcé pour la Fête du Pcf à Neuvic-sur-L’Isle le 15 août 2019 |
Benjamin REGONESI
Responsable de la section Pcf de Neuvic
Chers amis, chers camarades,
Nous ne pouvions commencer ce discours sans rendre hommage à Laurent et Youp, qui nous ont quittés l’an dernier et qui étaient des afficionados de cette traditionnelle fête du 15 août. Nous pensons à leur famille et à leurs amis.
Bien des choses se sont passées depuis l’an dernier.
Des éléments, aussi symboliques qu’ils puissent être, doivent nous appeler à une vigilance extrême. Depuis plusieurs années, nous voyons la répression syndicale et sociale s’abattre sur celles et ceux qui luttent. Très récemment, au vu de la mobilisation sociale qui pose la juste question de la répartition des richesses, on a vu le gouvernement prendre deux dispositions à deux semaines d’intervalle : les interdictions de manifester, et la mobilisation de forces armées dans un contexte social.
Regardons bien ce qui se passe aujourd’hui : à chaque mobilisation citoyenne, la violence monte d’un cran.
Cette violence de rue, elle répond à la violence de la fin du mois, la violence des inégalités, la violence du mépris de classe, la violence d’un temps sans promesses, la violence de la répression sans réponse politique.
Ceci ne doit pas justifier les actes de dégradation. Mais enfin, il faut se mettre à la place de ce chômeur en fin de droits, de cette mère célibataire, qui n’arrivent plus à se nourrir, ni leurs enfants, qui n’y croyaient plus et se mettent à y croire, se mobilisent pour la première fois de leur vie, et se retrouvent encerclé-e-s, matraqué-e-s, mutilé-e-s…
La réponse qu’attend la majorité des citoyens, elle ne peut qu’être politique, mais elle ne pourra l’être que si elle remet en cause le dogme capitaliste. Ainsi, les violences cesseront. Gardons en tête l’image de ce drapeau de la Paix brandi, puis souillé par le sang de celle qui le portait.
Et depuis cet été, pensons à ces jeunes, un peu éméchés lors d’une fête de la musique, qui se sont vus dispersés à coup de gaz lacrymogène, dispersés jusqu’à se retrouver dans l’eau, dispersés jusqu’à la noyade.
C’est aussi une blessure profonde de voir notre pays, le pays des droits de l’homme, réserver un tel sort aux réfugiés qui fuient les massacres, la guerre, la misère, mais aussi le changement climatique. Pourchassés aux frontières, et ensuite parqués comme des animaux quand ils sont sur le sol français. Parqués comme des indésirables…
Cette question ne doit pas être traitée à la marge. Alors que notre modèle de société entraîne un réchauffement climatique qui va modifier nos modes de vie, qui entraîne le capitalisme à piller encore plus les ressources naturelles, au prix de guerres atroces et interminables, il est de la responsabilité humaine de répondre à cette question essentielle : comment vivre ensemble demain en endiguant du mieux que l’on peut la catastrophe annoncée.
Certains ont une réponse : la fermeture des frontières, et la guerre de tous contre tous. Partout en Europe, dans le monde, on regarde les dégâts en fermant les portes. Alors que de notre survie collective dépend un nouveau modèle de société humaine, basée sur le partage, la paix, la fraternité.
À ce propos, un mot d’inquiétude encore. La démocratie ne peut exister sans conscience. Et la conscience, elle ne peut se développer que si l’on ne fait pas des élèves des machines à apprendre sans réfléchir. Regardons ce qui se passe aujourd’hui avec la réforme Blanquer. Et soyons vigilants. Je pense ici à ce responsable syndical qui n’a pas pu achever sa déclaration liminaire à Périgueux au nom du devoir de réserve. Je pense ici à ces enfants de CE1 chronométrés tous les mois pour « apprendre » plus vite. Je pense ici à ces annonces du drapeau, et du portrait du président dans les classes. Essaimées, ces annonces relèvent du symbolique, de l’anecdotique. Mises ensemble, avec ce dont nous avons parlé plus haut, elles appellent à la vigilance.
La force de l’union populaire à laquelle appelle le PCF, claire sur ses valeurs de progrès social, c’est d’expliquer la véritable nature des héritiers du pétainisme et de la collaboration, rassemblement national en tête, banques, grand patronat, mais aussi d’expliquer que certains ont laissé faire comme si ce n’était pas très grave…
Jacques Auvray, Monette Picard & Benjamin Regonesi Photo CGT 24 |
Le capitalisme a historiquement ses solutions pour sortir de ses crises structurelles… Si l’Histoire nous le démontre, bien que certains avaient alertés en amont, ne laissons pas ce scénario se répéter. L’histoire ne se répète pas, mais il arrive qu’elle bégaye.
Mes camarades, c’est un peu long cette année. Mais la situation, bien qu’elle soit angoissante, doit nous amener à réveiller cet espoir, celui des jours meilleurs, celui du partage des richesses et des savoirs.
Nous avons eu un débat ce matin sur les municipales. Si l’objectif des capitalistes est bien d’éloigner le citoyen du pouvoir, nous ne devons pas désarmer et montrer que nous sommes capables de réfléchir, et d’agir. Au-delà donc des additions d’étiquettes, mais sans mentir sur ce que nous sommes, nous appelons chacune et chacun à rejoindre notre démarche pour une union populaire, basée sur les besoins de tous et le partage des richesses qui n’ont jamais été aussi mal réparties.
Et construisons la dès maintenant autour de cette bataille essentielle contre le pillage des biens communs de la nation. Je parle ici du referendum contre la privatisation des aéroports de Paris que nous appelons à signer.
Benjamin Regonesi © cliché Mn Qtn |
Un dernier mot, avant de vous laisser manger, sur la situation du journal l’Humanité. Ce dernier mot, c’est celui de Patrick Le Hyaric lors de son hommage à Jaurès :
Chers amis,
Des combats que mena Jaurès celui pour que vive et se développe l’Humanité lui aura coûté heures et années de travail acharné et épuisant. « Faire vivre un grand journal sans qu’il soit à la merci d’autre groupe d’affaires est un problème difficile » prévenait-il dans son premier éditorial.
115 ans plus tard, le journal qu’il fonda est toujours là, vivant, à l’affût de l’actualité, des luttes pour la justice sociale et le progrès humain, offrant son regard sur les événements du monde à toutes les intelligences libres. Il le fait dans des conditions rendues extrêmement difficiles qui dépendent de multiples facteurs.
Informer en toute indépendance, en assumant le regard communiste sur l’évolution du monde est devenu chose ardue.
Mais, c’est, nous en sommes persuadés, chose ô combien essentielle, pour nous, mais pour la société toute-entière qui a besoin du point de vue communiste pour contrer la double offensive du capital et des extrême-droites.
A l’heure où les impasses du système capitaliste apparaissent comme autant de menaces pour la survie de l’humanité, comment concevoir que puissent disparaître les journaux qui, avec rigueur, sans tronquer les faits ni abaisser le débat public, cherchent dans le mouvement même du monde les voies de l’alternative ?
L’Humanité traverse à l’heure actuelle une zone de turbulence qui n’est pas sans rappeler celle qu’il traversa dans les années qui suivirent sa naissance, avant qu’il ne soit adossé à la grande et belle espérance communiste.
C’est avec douleur que nous avons été contraints de concéder au Tribunal de Commerce une réduction du nombre de salariés, tout en procédant à des économies drastiques sur notre fonctionnement.
Pour autant, nous perpétuons chaque jour et chaque semaine l’œuvre d’informer que Jaurès considérait avec sagacité comme essentielle au mouvement transformateur.
« C’est parfois de l’extrémité du péril que vient le salut » écrivait Jaurès en 1906, alors que le journal était au bord du gouffre. Cette phrase d’un optimisme lucide est la nôtre. Faire advenir le salut est l’affaire de chacune et chacun d’entre nous, en s’abonnant à nos titres, en relayant nos contenus, en participant aux campagnes de souscriptions populaires qui suppléent à l’argent des grands capitalistes dont profitent l’ensemble de nos confrères. Nous avons un besoin vital de votre engagement pour que vive l’Humanité.
C’est une des conditions pour que « se réalise enfin l’Humanité ».
Les bons de soutien pour la Fête de l’Humanité sont à disposition auprès des camarades.
Je vous remercie de votre attention.