Départ de Cyril MORENO, UD CGT 24

 
 
 

Un petit mot de l’UD pour le départ de Cyril

 

Mathieu LE ROCH, 18 février 2019

 
 

Mathieu LE ROCH 5 septembre 2016 © Photo Jean-Baptiste Evrard

 
 

C’est avec regret que la Cgt Dordogne voit le départ de Moreno. La CGT ariégeoise peut s’en réjouir. Au regard de la place importante qu’a occupée Cyril dans la CGT de notre département, nous ne pouvions pas échapper à l’exercice du discours. Essayons donc de procéder à un petit portrait, en espérant éviter la caricature.

 

C’est en 2007 que Cyril entre à l’école de l’Inspection du Travail à Lyon, endroit où il fera ses premières armes à la CGT. Il arrivera en Dordogne en 2008, pour y rester jusqu’à aujourd’hui. Très rapidement, il intègre le collectif de formation ainsi que la CE de l’UD, y prend ses marques et, progressivement, il y posera son empreinte, et y laissera des traces.

 

 Quelle est justement cette marque “Moreno” ?

 
 
Tic et Tac
 

 

Volontiers potache, souvent en dessous de la ceinture, mais jamais vulgaire, l’humour morénien reste assez singulier, mais malheureusement, pas toujours bien compris dans toutes ses nuances par le plus grand nombre. Du photomontage élaboré sur Microsoft Paint, en passant par le calembour douteux, jusqu’à la bien connue signature phallique, c’est toujours avec beaucoup de variété et d’imagination que le stock de blagues se renouvelle.

 

 Prolixe en matière d’humour, il l’est en revanche beaucoup moins, et ceci est peut être lié à cela, lorsqu’il s’agit d’évoquer sa propre personne. De ce côté, la discrétion est de mise et la carapace difficile à percer.

 

 Sur le terrain émotionnel donc, et en dehors de l’humour déjà évoqué, ce qui m’aura marqué ce sont aussi les coups de sang et quelques spectaculaires colères dont il a pu faire preuve lorsqu’il s’est agi de défendre bec et ongle une CGT attaquée, qu’elle le fut lors de discussions en interne ou malmenée depuis l’externe, notamment par une administration du travail frappée d’imbécillité routinière et bureaucratique.

 

Ce qui nous amène au Cyril sérieux donc. C’est à dire le Moreno syndical et politique. On doit lui reconnaître, en toute sincérité, de très grandes qualités militantes : une grande rigueur de travail, une saine patience, et un haut niveau d’intransigeance, qui lui a certes valu quelques inimitiés durables, mais lui aura surtout permis de gagner une grande côte de confiance de la part de militants qui l’auront fréquenté. Un incontestable sens de la discipline, doublé d’un certain talent dans le débat et la capacité de persuasion. Une fois la décision arrêtée, s’il appartient à Cyril de la faire suivre d’effets ou de la mettre en œuvre, soyons sûr qu’elle le sera avec la plus importante rectitude et sans aucune tolérance pour l’ « à peu près ».

     
     
 
Laura & Cyril   Cyril, Julian & Mathieu
     
     
     
 
Cyril Julian, Delphine, Hugo de dos   Le club des Onze, DDTEFP 24
     

Chacun aura également pu s’apercevoir de son désintérêt complet pour les titres honorifiques ou pour les mandats qui l’obligeraient à se mettre publiquement en avant, et sa nette préférence pour le modeste travail syndical de « petites mains  » ou celui de long terme, de rédaction, d’argumentation ou de recherche, mais en tous les cas, pas celui qui conduit sous les feux de la rampe.

 
 
Cyril Moreno©Cliché Pierre-Yves Besse
 

Pour finir, impossible d’évoquer Cyril sans parler de son rapport à l’argent. Rapport, disons, assez ambigu. Si Cyril ne sera jamais l’homme de la dépense financière inconsidérée, si chaque euro dépensé l’est toujours avec parcimonie, si tout esprit bling-bling est complètement absent de sa personnalité, si son seul pôle de dépense hebdomadaire passablement superflu reste le cubi de vin, si tout cela pourrait laisser penser qu’il est radin, n’oublions pas de regarder le montant de son ardoise annuelle pour fait de grève, ou de don à diverses caisses de solidarité au regard de la modestie des revenus de son ménage. Certes, nous avons pu connaître Cyril, avant sa stabilisation familiale, mais tout de même à 30 ans passés, doté de revenus stables, louant, au dernier étage d’un vieil immeuble, un modeste appartement étudiant mansardé, de moins de 30 m2, moyennant un loyer fort peu dispendieux. Certaines camarades de l’inspection se souviendront d’ailleurs que, animées par un sentiment de compassion, elles lui auront prêté une partie du mobilier, chaises et tables, pour permettre au pauvre Cyril d’économiser trois francs six sous. Pas de radinerie donc, mais une gestion du budget en « bon père de famille », et surtout un désintérêt complet pour toute forme de propriété et de possession matérielle. C’est donc en toute confiance que, très rapidement, la CGT de l’Inspection du Travail Dordogne, lui aura confié les clés de la trésorerie : aucun risque de détournement de fonds à des fins d’enrichissement personnel, et la certitude d’une grande attention et d’une justification apportées à la moindre sortie d’argent.

 

S’il n’est pas matérialiste au quotidien, il est par contre, totalement matérialiste en termes idéologiques, comme il se doit lorsqu’on est, comme lui, un bon marxiste-léniniste: il s’est toujours orienté vers un système de pensée basé sur l’ « analyse concrète d’une situation concrète », pour reprendre la formule de son grand maître Lénine. Il reste donc assez peu porté sur les considérations métaphysiques ou idéalistes, et beaucoup plus intéressé par l’histoire analysée « par en bas », basée d’abord sur les faits tels qu’ils se sont déroulés, empreinte qu’il sera parvenu à imprimer sur les derniers numéros de l’IHS Dordogne, essentiellement travaillés à partir d’archives, afin de limiter les dérives d’une histoire basée seulement sur les opinions, les interprétations et frappée d’un excès de subjectivité.

 

En tous les cas, il va manquer à la CGT Dordogne.

Bon vent Moreno ! ♦