Journal 2019 : Chant des jours [avril 2019]

 
 
 

« L’écriture n’est pas un but en soi, mais une façon de chercher et de dire le sens même de la vie individuelle ou collective. »

 

Francis COMBES, Préface de Ce que signifie la vie pour moi de Jack LONDON.


 
 
 

Journal 2019 : Chant des jours [Avril 2019]

 

 
 

« La vieillesse viendra le jour où j’aurais cessé de m’indigner. »

André Gide

 

 

« Il faut avoir un chaos en soi pour créer une étoile dansante. »

Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathroustra

 

 
 
 

Mardi 23, mercredi 24, vendredi 26 avril 2019

 
 

 

Yvan Verschueren, passeur de souvenirs (seconde partie)

 
 

 

Souvenirs en affluence… nous revoici !

 
 
 
 

 

Sans avoir vécu dans Périgueux il est des personnages qui ne peuvent échapper à nos regards, à notre curiosité. Les deux livreurs de chez Martinaud, dont l’empourpré ‟Pivoine” et leur cheval ‟Bijou” incarnaient une livraison colorée et poétique qui ne conviendrait plus à la gent pressée que nous sommes, malgré nous, tous devenus. J’aime beaucoup la conclusion de ce chapitre lorsque le mot « rentabilité » est évoqué pour signifier qu’il n’avait pas encore le poids écrasant et guignolesque qu’il a pris aujourd’hui.

 

La malheureuse Lulu s’agitant, apostrophant insidieusement la bourgeoise à la riche parure qui avait sans doute fait de bonnes affaires au temps du tout récent marché noir… demeure une image inoubliable de notre Périgueux. Nous tous l’avons croisée, évincée, contournée, mais observée. Elles étaient tout à la fois, comiques et tragiques ses gesticulations – sorte de danse de Saint-Guy – qu’expliquerait la disparition brutale d’un fils. Elle avait du verbe lorsqu’elle s’y mettait, ses vociférations avaient une irrésistible saveur… à condition qu’elles ne s’abattent pas sur nous !

 

Il y eut une dame laitière, dont je garde le nom secret, voisine de mes grands-parents, route de Bergerac qui allait livrer son lait sur Périgueux. Elle avait bien son côté folklorique même en l’absence des redites du fameux « Mazette », livreur du royal breuvage dans l’immeuble “Vervialle”. Voici une longue et noble tradition totalement disparue. C’était pourtant, me semble-t-il, un très beau métier !

 

Le garde-champêtre Montmarson, connu de tous aujourd’hui encore, représente sans doute une heureuse résurgence du temps passé, temps fertile en personnages étonnants tel le poète Jean Boussuges… et ce fameux Jésus, géant sans âge dont nous cause Yvan Verschueren. Braillard, distribuant ses tracts qu’il était inutile de lâcher à terre devant lui sans prendre le risque de se faire vigoureusement houspiller. Il en assurait cependant ensuite le balayage et convoyait attelé aux brancards de son tombereau les résidus qu’aujourd’hui tout un arsenal de grande modernité combat avec assiduité. Où est donc passée la poésie de ce temps ?

 

L’école buissonnière semble être la tentation de beaucoup de jeunes, pour autant nous n’y fûmes point tous adeptes ou accros comme ce fut le cas pour le jeune Yvan.  Là il fit fort !

 

Le chapitre où apparaît le short bleu qui trahit le petit malin qui donne son nom à cet ouvrage porte un tout autre titre : Inconscience des jeunes. Même si cette escalade dans le dos du bedeau, le sieur Faure, ne manque pas de piment j’avais fait personnellement des choix sans doute tout aussi périlleux mais différents. Ma première association, toute fictive, se voulait à la recherche des temps de la préhistoire (une passion qui m’a abandonnée). Nous étions deux ou trois à nous faufiler sans équipements adaptés sous des rochers, sur la route de Brive à la sortie de Périgueux, dans des sortes de passages plus que de réelles grottes. Ma grande passion, éteinte elle aussi, pour le feu, me transformât en pyromane à l’intérieur même de notre maison de la Cité Bel air. Spectacle insensé qui médusait mes deux jeunes sœurs et fit trembler de peur mes parents lorsque les flammes léchèrent le plafond de bois au dessus de mon petit lit aux couvertures en feu.

 

À d’autres moments, avec la complicité de mon grand-père et parrain, nous fouinions contre l’avis de ma grand-mère dans une grosse décharge de Périgueux au bas de la Rampinsole. J’en ramenais des produits chimiques et j’avais pour passion la réalisation de fusées en d’audacieux mélanges que nos cours de chimie m’inspiraient ; je faisais monter à 7 ou 8 mètres de haut des objets volants qui ne devaient pas être exempts de risques d’explosion, de bifurcation de direction… Lorsque je me retourne en arrière je n’en reviens pas de pareilles audaces, seul le goût des fioles m’est un peu resté !

 

L’arrivée de la télévision. Nous ne l’avons pas eue tout de suite, les aléas de transmission par relais insuffisamment implantés rendaient les images incertaines, l’acquisition restait onéreuse, réservée à une élite. Le rôle joué par la famille Verschueren, RCS (Radio Contrôle Service) rue de la Clarté, avec deux téléviseurs en vitrine, des hauts parleurs extérieurs est certainement un peu oublié mais fut historique et considérable. Vision généreuse et socialiste de permettre ainsi aux moins fortunés de pouvoir bénéficier de ce nouveau moyen de culture qui allait s’installer à domicile. Peut-être est-ce là, à proximité de son atelier de la rue Saint-Front, que notre vis-à-vis de la rue John Kennedy à Chamiers, le bijoutier Lasserre fit l’acquisition de son premier téléviseur. Cet homme cultivé nous invitât maintes fois, avant que nos parents ne fassent l’acquisition d’un téléviseur, à venir regarder des programmes distractifs ou éducatifs : Cinq colonnes à la Une avec des pointures exceptionnelles : Pierre Lazareff, Pierre Desgraupes, Pierre Dumayet (l’un des créateurs du journal télévisé) et Igor Barrère, 36 chandelles avec Jaboune (Jean Nohain), La Piste aux étoiles… Comment oublier les visages de Pierre Sabbagh, de Léon Zitrone, de Pierre Tchernia… et des belles dames du petit écran : Catherine Langeais avec sa pièce montée de laque sur la tête, Jacqueline Caurat, Jacqueline Huet, Anne-Marie Peysson, Jacqueline Joubert, Evelyne Leclerc, Denise Fabre l’hilare ?  Rétrospectivement comment ne pas exprimer ma gratitude à cet homme qui m’ouvrit des perspectives insoupçonnées sur le monde, dans le cadre de ce qui constituera ma vie entière, ce qu’il convient d’appeler ‟le voyage immobile” !

 

 

La braderie de la rue Taillefer où une cousine officiait en propriétaire d’une éblouissante beauté dans la pâtisserie au coin de la rue Aubergerie retint peu mon attention ; je n’y vins peut-être pas, par contre quelques billes publicitaires en attendant mieux, billes en terre dites « grézides » du nom des propriétaires excellents bonimenteurs dans la toile cirée et autres tissus d’ameublement, atterrirent dans mes poches pour une passion éphémère. Aujourd’hui tout se qui roule, me voit m’éloigner sereinement et sans appel !

 

La quincaillerie Bonnet ne me parle pas visuellement, même si sa situation, à l’une des extrémités de la rue Condé, m’interpelle. À l’autre extrémité, au coin de la rue de la Bride, à proximité de la Tour Mataguerre, exerçait comme coiffeur le père d’un de mes camarades appréciés, Michel Mourany. Toutefois l’odeur de métal et de graisse évoquée par Yvan réveille en moi des sensations non inconnues, aussi il se peut que j’y aie suivi mon oncle ou ma grand-mère pour quelque achat qui devait fort peu me concerner. Cherchez votre bricoleur ailleurs !

 

Mes vacances à la campagne se passaient rue Jeanne d’Arc à Périgueux, dans le vaste jardin de la Villa Élina, qui n’a pas changé depuis ces temps reculés ou aux Petites Brandes à Coulounieix dans la petite ferme de mes grands-parents maternels. Il y avait là un camarade de jeux moins turbulent que le camarade d’Yvan, prénommé Alain, au Buisson.  J’adorais mon grand-père et parrain Jean Léopold, et il me le rendait bien. Toujours en cachette de ma grand-mère, un peu pingre, mais qui m’aimait tout autant, j’avais droit à une chocolatine, un pain aux raisins ! Je le suivais parfois dans son travail de cantonnier. Nous avions une très grande complicité. Mon goût pour la nature, la forêt, les arbres, la prairie faisait de ces séjours un enchantement. Et la cabane que mon grand-père m’avait construite fut un si grand bonheur et ma première maison ! Le poète y façonnait ses rêves !

 

J’eus à me résoudre, certes avec moins d’enthousiasme, au rituel de la colonie de vacances de la Dordogne, à Biarritz ; il me fallait respirer les embruns marins, l’iode… afin de fortifier une constitution frêle !

 

Rue Jeanne d’Arc, j’appréciais les temps de liberté, de solitude, dans le grenier avec d’éblouissantes découvertes musicales autour d’un coffret RCA, les coins secrets du jardin avec ses escargots minuscules, ‟cornets étroits”, la descente sur marché de la Clautre dans Périgueux avec ma grand-mère Marie Rosalie ; par contre la montée de la route de Paris au retour était rude et les sacs de provisions chargés. Ma grand-mère était une fabuleuse cuisinière, çà humait bon autour de la table de la Villa Élina. Il y avait là, suite au remariage de ma grand-mère avec Roger Andreaux, ses deux derniers enfants, Renée et Christian. Ce dernier s’ingéniait à donner des noms à chacun, son père c’était ‟Le Brège”, ma grand-mère ‟La Cadix”, sa sœur ‟La Cagnia”, le cousin de son père ‟Le Cocotte” … Tout un univers !

 

Le Buisson de Cadouin. Le lieu des vacances d’été du jeune Yvan, fut aussi pour nous la destination des dimanches au bord de l’eau. Mon oncle était cheminot et son cousin également. Je vous laisse imaginer la descente de la route de Paris avec l’attirail de pêche, les provisions, la couverture… et les retrouvailles à la gare de Périgueux avec ‟Le Cocotte”, son épouse, Eugénie, courte et trapue, sans oublier la bonbonne de vin, afin d’investir le train qui nous déposait en gare du Buisson ‒ où je ne passe jamais sans émotion. Nous gagnions alors rapidement un coin paisible sur les bords de la Dordogne pour y passer une journée à l’ombre des grands arbres à jouer, pêcher et pique-niquer. La bonbonne était plongée, grâce à une ficelle solide, au frais dans la rivière, mais la journée se déroulant, elle remontait souvent. Les deux cousins un peu fatigués par le repas, la pêche, la chaleur croissante pensaient que vide elle serait moins lourde. Le retour était une scène à la Dubout : les deux bonnes femmes bien embouchées, avoinaient les deux compères un peu pompettes et primesautiers. Même avant la télévision, j’étais gâté avec des spectacles hauts en couleur qui ont, à n’en pas douter, fertilisé mon imagination.

 

Le vieux saule témoin de la jeunesse d’Yvan aura eu pour écho ma cabane de madriers de la voie du Taco désaffectée où j’avais mis tant de mes rêves d’enfant et d’adolescent.

 

 

Yvan Verschueren nous rend définitif ce cliché d’un temps qui fut aussi le nôtre, où se loge bien sûr beaucoup de nostalgie, de souvenirs drôles et turbulents liés à l’enfance Mais à la lecture gourmande de ce livre si judicieusement composé, avec des chapitres brefs, illustrant parfaitement situations et personnages, écrit avec finesse et humour, nous sommes obligatoirement enchantés par ce voyage de retour sur un temps enfuit mais qui nous reste cher… jusqu’à nos ultimes pas. ♦

 
 

 
 

Lundi 22 avril 2019

 
 

 

 

Le chemin de croix de mon cousin, Paul Rivière

 
 

 

À ma cousine Pierrette Martinet, fille de Paul et Christiane Rivière, elle qui porte ses parents en son cœur.

 
 

 

 

Si la richesse appartenait véritablement à ceux qui la produisent, mon cousin Paul Rivière et sa famille seraient de vrais riches. Une vie entière de labeur couronnée par les épines d’une mort anticipée liée à trop de travail et aux aspersions de toute la horde de produits toxiques sur les vignobles dont il s’occupait au nord de Bergerac, comme ouvrier agricole, avec la participation de son épouse et de ses sept enfants.

 

Samedi, le pèlerinage au long des propriétés dans lesquelles il fut employé, logé sur place avec sa famille se terminait au petit cimetière de Colombier. Paul y occupe un des plus beaux caveaux de ce cimetière champêtre, hommage de ses enfants à tant de sacrifices cruellement peu reconnus par le reste de la famille et la société totalement indifférente.

 

Chassés d’une propriété à l’autre par la vente, le changement de propriétaire… Plus tard, les habitations ont été détruites sans doute en raison de leur vétusté ‒ aucune d’entre-elles n’était équipée d’une salle d’eau ; parfois sur leurs emplacements s’élève aujourd’hui un hangar. Les granges et étables furent transformées en demeures luxueuses sur ces coteaux ensoleillés. Le travail de cet homme aura servi à enrichir des propriétaires et leurs descendances. Les métayers agricoles étant remplacés par des ouvriers saisonniers, souvent étrangers, fort mal traités, ainsi ces habitations vétustes devinrent elles aussi une source importante de revenus, sans doute en raison du prix des terrains et de leurs emplacements.

 

Personne ne dira que Paul n’était pas un Rivière, trempé dans l’acier de ceux nés pour lutter, condition pour survivre, mais pas forcément pour gagner. Leur départ du ‟Prat” à Eyvirat où ils restèrent de longues années sous la protection de l’oncle Henri Rivière, aura été, il se peut, le résultat de conflits entre Marie Rivière (après le décès d’Henri) et Paul. Ainsi ce lieu s’étendant sur 52 hectares, qui aurait pu être un lieu de vie modeste, mais indépendante, lui a échappé. Il fut condamné à louer ses services à des viticulteurs plus ou moins humains.

 

Sa fin d’existence, à 58 ans, d’un cancer des os, fut particulièrement âpre et cruelle, faite d’allers-retours entre Bergonié et Bergerac. On n’atténuait pas les souffrances comme aujourd’hui, en 1985. Pierrette en conserve un souvenir blessé qu’elle n’évoque que difficilement. Son amour des autres, lui aura, malgré la douceur du foyer qu’elle a construit avec Jean-Pierre, permis de vivre pleinement son destin de femme dans la solidarité et le partage, ce qui n’est pas rien en ces temps d’égoïsme forcené. C’est, en si peu de semaines, pour moi, une joie, de découvrir qu’au cœur de cette famille en permanence éprouvée, il existe une belle âme s’efforçant d’atténuer les blessures des uns et relever les bras des autres. Elle incarne un authentique sens familial et, en quelque sorte, remplace une douce maman, Christiane, partie, en 2015, rejoindre Paul au petit cimetière de Colombier.

 

Cette réunion de famille n’était pas uniquement sombre et triste. Il y eut de la bonne humeur autour d’une table abondante et généreuse et des retrouvailles de cousins qui sans doute possèdent la même conviction humaniste. Merci Pierrette d’être le lien des bouquets épars de la vie. ♦

 
 

 

 
 

Jeudi 18 avril 2019

 
 

Alexandre Tansman, Bric à brac. De bric et de broc…

 
 

 

Après le marché de Saint-Astier, vers 10h00, France Musique, dans l’émission En Pistes !, diffusait une musique qui m’a subjugué par la somptuosité audacieuse de son orchestration. J’attendis la désannonce d’Émilie Munera pour débuter une marche le long des berges du canal. Voici un ballet, dommageablement méconnu, d’Alexandre Tansman. Cette partition de 1935, jazzy, dans l’air du temps, est particulièrement riche et séduisante. J’en possède deux versions, celle de Wojciech Michniewski, publiée en 2002, chez CPO diffusée ce matin par France Musique couplée avec un ballet-bouffe, de 1923, intitulé Sextuor ! Koch/Schwann propose ce même ballet avec la Symphonie No 4 sous la direction d’Israël Yinon (2000).

 

     
     
 
     
     

 

Tansman (1897-1986), né en Pologne, fit partie de ‟L’École de Paris” de musique avec le roumain Marcel Mihalovici, le hongrois Tibor Harsǎnyi, le tchèque Bohuslav Martinů, le suisse Conrad Beck, le russe Alexandre Tcherepnine.

 

Sa rencontre avec Maurice Ravel fut essentielle, ce dernier l’introduisit dans les salons les plus réputés de ce temps, auprès de son éditeur et le présenta à de nombreux interprètes. Tansman va très vite faire partie de la vie musicale parisienne devenant l’ami des musiciens du ‟Groupe des Six” ‒ en particulier de Milhaud ‒, de Stravinski, Roussel, Prokoviev, Bartok, Gershwin…

 
 
Ouvrage de Federico Lazzaro
 
 

 

Semaine effervescente autour des marchés et des producteurs bios. Nous visitions dimanche après-midi la serre froide Le temps des semis de Sacha et Cyrille à Beauregard- et-Bassac ; Cyrille était vers 16h00 de retour d’Issigeac, un important marché du dimanche matin. Sacha qui nous fit visiter la serre dimanche, avait déployé, ce matin, son généreux étal, rue du Maréchal Foch, à proximité de l’église de Saint-Astier.

 

         
   
         
   
Le Temps des semis   Sacha   Serre du Temps des semis
         
         

 

Dimanche encore nous visitions au lieu dit La Servantie, le village écologique sur les anciennes terres agricoles d’Andreas Schindler, avec accès libre à un très bel étang, en contrebas ! Il eut été bien triste que le fournil d’Andreas ne trouvât pas successeur, c’est chose faite avec Thomas Granger. C’est ce que nous révèle un article, en page 10, du Journal du pays fantôme no 101 (avril-mai-juin, 2019). Vendredi, c’est Luc Bahin qui me causait du boulanger bio, spécialisé dans la viennoiserie, de Saint-Mayme de Pereyrol, Daniel Fleury, Ô bon pain de Rabette. Impossible donc de manquer de bon pain au levain sur 20 kms à la ronde.

 

         
         
   
         
         

 

Puis lundi matin, nous mettions pour la première fois les pieds sur le marché de Sainte-Alvère, place de l’église, en partie couverte par le chapiteau qui servit samedi pour la cérémonie funèbre de l’épouse du fils du président ivoirien. Nous retrouvions là Manon Léret et ses champignons bios (pleurotes et shiitakes) ainsi que Marjolaine Bencharel. Une petite cousine, Justine, fille de Pierre Rivière, m’accueillit sur son stand traiteur. Excellent pain de seigle d’un autre paysan-boulanger de Sainte-Alvère, mais originaire de Saint-Léon-sur-L’Isle, David Dupuy, ami d’Alaric Beyney.

 

         
         
   
Manon Léret   David Dupuy   Marjolaine Bencharel
         
         

Le soir, nous étions tous effarés d’assister en direct à la télévision à l’incendie effroyable qui ravagea redoutablement Notre-Dame de Paris.

 

Aussitôt les annonces de dons spectaculaires pour rebâtir cet édifice symbolique de la France firent rêver et même s’interroger. Ce n’est certes pas à la mode, mais il semblerait naturel et juste qu’il y ait toujours davantage de mobilisation pour les personnes que pour les pierres aussi magnifiques soient-elles ! On ne restaure pas, même à coup de millions un individu détruit par l’avidité d’un système qui a bien peu de relation avec la Parole Sacrée. Je dirais même, un système qui m’apparaît, d’après les Saintes Écritures, avoir une connotation nettement luciférienne ! ♦

 
 

 

 
 

Jeudi 11 avril 2019

 
 

Yvan Verschueren, passeur de souvenirs (1ère partie)

 
 

Aucun de nous n’est immortel quoi que nous en ayons pensé en nos jeunes années.

Et maintenant que nous savons que nous n’aurons pas le temps d’être immortels, nous songeons à laisser une modeste trace, plus encore à tracer une éternité aux autres, simples gens, que personne n’a vraiment songé à éterniser. Mais voilà que vous vous y employez avec un talent consommé, plein de verve, de malice et oui, comme le dit si justement Michel Testut, qui préface le roman de votre jeunesse, avec tendresse.

 

Le short bleu est un livre qui fleure bon le temps jadis, qui, comme il est le vôtre, celui de Michel Testut, le mien et encore celui de beaucoup d’autres, nous apparaît comme “nôtre temps” et qui n’a donc pas encore assez de rides ou de désuétude pour échapper à la vigilance du temps qui nous reste.

 

 

 
 
 
 

 

Si je suis né à Périgueux, rue Désiré Bonnet, le long de la voie ferrée, notre départ à La Cité Bel Air, et ensuite à Chamiers m’aura éloigné du centre ville que vous avez si bien connu. Vous êtes venu au monde dans l’immeuble ‟Vervialle” où un camarade s’est élevé plus tard. Je n’allais pas lire à la Maison de la Presse, chez Monsieur Vaubourgoin comme vous le faisiez ! Quel privilège qui se retrouve aujourd’hui en ces pages succulentes. Si la fermeture de la librairie m’a pincé le cœur – j’ai emporté un ou deux Pléiades soldés – le départ du Grand Monsieur, figure historique de Périgueux, m’a plus encore attristé. Cet homme fin, plein d’humour et de gentillesse – ce que j’ai dit à son fils, notaire, qui en fut profondément ému – fut une grande figure de la Caisse d’Allocations Familiales de la Dordogne[1].

 

Voici résolue l’énigme de cette fameuse rue Séguier. Les soldats du Camp américain de Chamiers connaissaient cette adresse dans cette rue où il nous était recommandé de ne point passer !

 

Je n’ai pas connu Maurice, le cordonnier de la rue des Farges, mais je note que son accent qui ressemblait à celui de Jacques Offenbach (né à Cologne) pouvait le faire passer pour un allemand. Être alsacien, en ce temps-là n’était pas facile. Ils étaient venus chez nous se réfugier pendant la guerre. J’eus à la Cité Bel Air, où nous avions une rue des Alsaciens, un très sympathique camarade, seul avec sa mère, brave femme qui nous préparait de délicieux gâteaux à la citrouille couleur carotte comme la chevelure de son fils !

 

Le rendez-vous des communistes du quartier Saint-Front, dans les Rues Neuves, place Mauvard, chez la Berthe, était riche en grandes gueules, et ne manquait ni de fumée de cigarettes, ni de piquant et d’alcool ! Fort heureusement qu’il y avait un comptoir pour y asseoir un gamin de six ans et encore des bocaux à bonbons où la Berthe plongeait la main généreusement pour occuper le petit bonhomme.

 

Quelle fascination ces petits bonbons en demi-lune jaune ou orange, ces roudoudous, ces caramels mous… Panoplie de toutes les tentations. La tenancière aurait pu être encore plus hideuse, qu’importe il fallait s’emparer avec quelques sous ou quelques ruses des fameux bonbecs de la boutique de la sorcière au bas de la rue Aubergerie. Ce qui me fait souvenir d’une grand-tante, noire aussi, car veuve, Angèle Firmin. La douce Angèle tenait une épicerie dans une petite rue peu éclairée d’Azerat. Le train de Périgueux nous déposait à une petite halte sur les hauteurs. Le chemin était un peu long, mais valait la récompense ! Ma grand-mère paternelle, Marie Rosalie, venait rendre visite à sa sœur. Nous passions la journée avec elle, dans l’épicerie… cette caverne d’Ali Baba où l’on sertissait les boites de conserves ! Et oui, il y avait là aussi des bocaux dans la vitrine avec les fameux bonbecs ! Çà c’était vraiment quelque chose ! Douce et valeureuse Angèle.

 

Père de mon camarade très estimé Michel, j’ai connu le coiffeur Favard de la rue Wilson, il accompagnait parfois son ami Bessou, pour me consulter au bureau. Ce dernier malgré mes explications répétitives n’a jamais compris ce que disait la convention collective des coiffeurs. Il s’entendait à merveille pour couper les cheveux en quatre, mais il avait succédé, à deux pas de ma maison de naissance, rue Désiré Bonnet, dans le haut Saint-Georges, à un inoubliable personnage. J’avais trois ans à peine et ce monsieur Boueyroux avait une éternelle et magique question pour moi : « Tu viens encore te faire couper les cheveux ? », « non » répondais-je tout en demeurant silencieux et en baissant la tête. « Tiens alors, te voilà ce que tu viens chercher », et avec un sourire, il me tendait une figue. Tant et si bien qu’aujourd’hui il est bien rare que j’attende son geste si doux au souvenir pour y goûter !

 

Le petit salon Favard du grand-père, apparaît dans cet ouvrage situé place du Coderc sans doute là où exerçait ces dernières années une coiffeuse, en dessous de l’appartement de mon camarade de toujours Bertrand, appartement qui était peut-être une annexe des Chaussures Bertrand. En ces années-là, la brillantine Roja n’avait qu’une rivale, la Gomina, ce pschitt des cheveux ! 

 

À suivre… ♦

 
 

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[1] Anne-Marie Siméon, Histoire sociale de la Dordogne, un acteur : la Caisse d’Allocations Familiales 1924-1996, Périgueux, Éditions Fanlac-CAF Dordogne, 1996. Raymond Vaubourgoin a siégé au sein du conseil de la CAF de 1952 à 1992, en assumant la présidence à deux reprises de 1952 à 1954, puis de 1971 à 1979.

 
 

 

 
 

Mercredi 10 avril

 
 

Le temps des semis

 
 

 

Hier, mardi. Magasin de La Picandine à Saint-Astier : une charmante vendeuse tout sourire nous accueille. Il est presque midi un quart, avant d’y pénétrer, je salue un sportif qui vient aussi faire des provisions. Chaque jour il promène ses jumeaux de trois ans, beaux comme le jour, le long du canal. Escalade des quatre marches pour aller leur dire bonjour. Ils sont dans la petite carriole du vélo paternel. Je les trouve en pleine action, manifestant un appétit enthousiaste ; après avoir avalé une banane, l’attaque des deux pains laisse rêveur ! M’embrasse en suivant la patronne du Lion d’Or de Manzac. Elle espère voir Claire «l’Happycultrice» au marché de fin d’après-midi, afin d’y faire des provisions de miels pour la réouverture de l’hôtel. Je lui annonce que Claire ne sera pas là, elle est en voyage en Écosse.

 

Peu après, je traverse la passerelle sur l’Isle pour marcher autour des deux stades. L’Isle est une belle rivière, même si d’autres, comme Yvan Verschueren, ne cachent pas leur passion pour la Dordogne[1]. Pour moi c’est la Dronne. Ciel d’azur, soleil qui réchauffe. En perspective une ligne végétale qui arbore toutes les nuances subtiles du vert. Un sentiment de gratitude m’envahit : quelle chance d’habiter ces lieux préservés, de respirer un air presque pur et de pouvoir jouir de tous ces espaces de marche en bordure ou non de la rivière. Je pense alors à tous ceux qui chaque jour respirent un air vicié, voire mortel. Ce privilège n’est plus aussi naturel qu’il l’était autrefois – presque garanti pour tous !

 

Au retour, une jeune fille déjeune assise dans l’herbe au bord de l’Isle. Combien de ces merveilleux moments étaient coutumiers au temps de notre jeunesse ? Superbe tradition du déjeuner sur l’herbe.

 

Vers 16h00, nettoyage de deux massifs en vis-à-vis au jardin, entre cornouiller de Floride rouge (cornus florida rubra) et magnolia à fleurs blanches. Ma voisine Sophie accepte une petite ballade dans le jardin avec sa fille Léana qui cherche toujours où est son petit chien qui nous a suivis.

 

La grande surprise va avoir lieu au marché vers 17h30. Je pensais, en raison du départ en vacance de Lucette, Claire, Karine et Vincent, que je ne retrouverais là que Josette et notre vendeur de vins de Bergerac. Le petit stand de plants tenu par une jeune femme n’y était pas. Un stand impressionnant, tenu de manière rigoureuse mais avec beaucoup de bonne humeur par un jeune homme, Cyrille, avait pris sa place ! Je me suis dit : « quel luxe pour un si modeste marché » ‒ marché pas vraiment encore installé mais qui semble comme ailleurs, reprendre des couleurs, avec l’arrivée du printemps.

Christina, architecte (excusez du peu !), remplaçait amicalement Karine et Vincent. Pérennisation des œufs frais assurés par une quarantaine de poules ! et toujours le pain de Beleymas, tellement savoureux et tendre que j’en ai repris un pour moi tout seul.

 

Il existe des jeunes qui ne donnent nullement dans le style Start-up ou les élucubrations d’un petit bourgeois en autosuffisance narcissique, mais qui possèdent un sérieux qui impressionne. L’étal du Temps des semis de Beauregard-et-Bassac est royal, riche de toutes sortes de variétés, chaque plant parait robuste et sain. Son animateur cultive ses plants en serre froide à l’entrée de ce village déjà légendaire qui n’a pas fini de faire causer de lui. Cyrille  et sa compagne Sacha étaient universitaires. Sacha avait entrepris des recherches en éducation, elle pensait devenir traductrice de russe, espagnol et anglais puis s’est dirigée vers Sciences Politiques. Cyrille était ingénieur dans la gestion de chantiers, en bureau d’études environnementales. Ils sont originaires de Belgique, et se sont installés après trois années de WWOOFing[2] (exercice gracieux d’un travail, contre le logement, le couvert et l’acquisition d’expériences professionnelles dans le bio) depuis leur pays en passant par la France, l’Espagne et le Portugal.

 

Mon expérience professionnelle m’a maintes fois confronté à des demandeurs d’emploi en recherche d’une vie hors du système, hors de l’exploitation sociale organisée. J’ai toujours favorisé cette option tout en rappelant les risques potentiels que pouvaient générer les utopies, les zones mal définies, parfois hasardeuses, craignant des excès de marginalisation pour cette jeunesse combative, mais à qui il manque une solide expérience professionnelle. Il est possible de vivre en marge de ce monde corrompu, mais mieux vaut en connaître les règles et surtout les pièges. 

 

Le Temps des semis, comme La Bruyère qui rit ‒ ferme maraîchère et paysanne que nous avions visitée l’an passé, ne peuvent, par leurs qualités de rigueur, la manifestation d’une authentique passion professionnelle, un investissement permanent, qu’inspirer notre respect et, me semble-t-il, sont annonciatrices de vraies réussites. ♦

 
 

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[1] Yvan Verschueren, Le short bleu, « Les vacances à la campagne », Périgueux, Arka/Verschueren, 2017, p.77s.

[2] WWOOFing est un mouvement qui permet des échanges de savoirs et d’entraide entre individus de tous horizons et des agriculteurs bio, des particuliers « écolos ». Les valeurs de base sont la confiance, la tolérance et la générosité : https://www.wwoof.fr/accueil

 
 

 
 

Dimanche 7 avril 2019

 
 

 

Éternel printemps ?

 
 

Quel temps idéal en fin de matinée ce dimanche pour une marche de santé d’une durée d’une bonne heure.

 

Après le ciel plombé et la pluie continue d’hier, c’était un ciel ouvert, dégagé, lumineux et une douceur appréciable.

 

Ce matin, j’avais choisi le parcours entre les deux ponts de Neuvic-sur-L’Isle. Depuis la base nautique, on longe la rivière, qui nous sépare de la route départementale 3 et de la ligne de chemin de fer.

 

La vaste plaine dédiée au maïs avait été labourée et hersée, on apercevait nettement le clocher de l’église, le pin parasol de la route qui va vers la gare, alors qu’une vapeur bleutée d’une hauteur d’environ 50 centimètres planait au-dessus du labour. Féerique !

         
         
   
         
         

 

Ce fut une promenade plaisante où je croisais quelques sportifs, des cyclistes en petit nombre et une mère et sa petite fille sur son vélo d’enfant.

 

Les deux trains qui effectuent le trajet Périgueux-Bordeaux et Bordeaux-Périgueux se croisent entre la gare de Neuvic et le château de Mauriac. Aux alentours de 11h30, le TER en provenance de Périgueux fait halte, en semaine, à Neuvic, gare abandonnée le reste de la journée.

 

Somptueux feuillage bronze nettement orangé, comme vernis, du peuplier noir avec ses guirlandes de chatons verts crus. Contre le mur de la voie ferrée en surélévation, fuse une éblouissante cépée d’arbre de Judée exultant joyeusement son rose fuchsia.

 

Transporté par une semblable atmosphère, pris dans la vitalité gratuite de ce soixante douzième printemps, je ne me sentais pas différent de l’enfant ou de l’adolescent que je fus et qui depuis toujours apprécie cette saison si tonifiante et joyeuse. L’âge alors devient tributaire de notre regard sur la nature qui ne se lasse pas de nous redire la même chanson, riante et éternelle.

 

Alors qu’en fin de journée j’intervenais sur la haie champêtre qui borde le jardin côté bois, deux dames me saluèrent. L’une me dit être venue visiter le jardin il y a des années. Et puis nous découvrîmes que nous avons été adolescents à la même période, au tout début de La Familiale, à Chamiers. Elles avaient pour voisins les Guintard chez lesquels je me rendais de temps à autre, le fils étant un copain. Je passais donc devant chez elles lorsque je remontais ou descendais le petit chemin qui arrivait sur la Place du Général de Gaulle puis permettait de traverser le Pont de la Cité.

 

Les années ayant passé, reste que nous connûmes les mêmes personnes à une rue de distance. Son époux faisait du vélo avec Philippe Bost ; ils étaient restés en relation après avoir été parmi les jeunes champions du C.A.P.

 

Nous étions donc voisins adolescents. Nous le sommes encore, puisque le couple possède une maison sur la route Napoléon, au début de la section qui part des quatre routes, dans la direction de Grignols.

 

Si le printemps nous laisse croire que nous sommes comme lui, éternellement jeunes, les rencontres nous rappellent régulièrement que le temps s’est écoulé et que celui qui reste est désormais limité. ♦

 

 
 

 
 

Samedi 6 avril 2019

 
 

Hermann Hesse, Siddharta, Knulp.

 
 

Depuis Montagnola[1], Hesse[2] adressait une lettre à Romain Rolland[3], dont j’extrais ce passage : « Voici qu’après trois ans ou presque, mon Siddhartha est enfin terminé ; Le livre paraîtra cet hiver, vous le recevrez donc tout de suite à ce moment-là. La première partie du livre vous demeure dédiée, la seconde partie étant dédiée à l’un de mes cousins qui vit depuis des dizaines d’années au Japon[4], complètement intégré à la pensée orientale et qui m’est, de ce fait, particulièrement proche[5]… ».

 

 
 
 
 

 

Lorsque je m’éloignais, en 1978 et 1979, du mormonisme, le Siddhartha de Hesse fut un des livres clefs que j’eus entre les mains. « Non le vrai chercheur, celui qui a vraiment le désir de trouver, ne devrait embrasser aucune doctrine[6]. »

 
 
 
 

 

Le Loup des steppes et Le Voyage en Orient furent également d’attentives lectures.

 

Celui qui me surprit et me troubla le plus, fut Knulp. « Ce roman… a pour objet la destinée éternelle de l’homme qui, comblé de tous les dons, n’en fait pas usage, confiant à l’amour et à la rêverie tout ce qu’il pouvait réaliser au cours d’une carrière conforme aux conventions sociales. Knulp est le vagabond, le vagabond éclairé. Il comprend tout et ne fait rien, tout en donnant un sens à sa vie. Hesse lui accorde avec une tendresse certaine, l’hommage d’une spiritualité que ne choquent pas les contingences. Knulp est tel qu’il est, non ‟récupérable”, et sans doute un reflet nécessaire de la divinité telle que la voit l’auteur : un dieu d’une religiosité universelle, appartenant à toutes les confessions, sans être l’élu d’aucune[7]. »

 
 
 
 

 

Il faut arriver à la fin de la vie de dilettante de Knulp pour entendre le message de ce merveilleux petit roman. Rejeté de tous au temps de sa vieillesse, il s’éloigne dans la montagne pour y achever son périple terrestre. La conversation entre Dieu et l’éternel vagabond qui va mourir dans la neige est bouleversante : « Vois tu, disait Dieu, je t’ai pris tel que tu étais. En mon nom tu as vagabondé, tu as communiqué aux sédentaires un peu de ton besoin de liberté[8]… ». Knulp, le vagabond est justifié et aimé de Dieu.

 

Calmann-Lévy édita progressivement les ouvrages de Hesse en traductions françaises et il ne se passe guère d’année sans que je me plonge dans ses écrits, nouvelles… Aujourd’hui beaucoup de titres sont disponibles au Livre de Poche. ♦

 
 

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[1] L’ancienne commune de Montagnola, désormais fusionnée avec Gentilino et Agra se trouve dans le canton suisse italophone du Tessin, à proximité de la frontière entre la Suisse et l’Italie. Elle donne sur le lac de Lugano.

[2] Hermann Hesse (1877-1962), romancier, poète, peintre, essayiste allemand puis suisse. Prix Goethe et prix Nobel de littérature en 1946. Ses romans restent très lus : Peter Camenzind (1904), L’Ornière (1906), Gertrude (1910), Rosshalde (1914), Knulp (1915), Demian (1919), Le Dernier Été de Klingsor (1920), Siddhartha (1922), Le Loup des steppes (1927), Narcisse et Goldmund (1930), Le Voyage en Orient (1932), Le Jeu des perles de verre (1943).

[3] Romain Rolland (1866-1944), écrivain français. Prix Nobel de littérature de 1915. Passionné d’art et de musique, il a entretenu une amitié avec Richard Strauss. Il chercha sa vie durant un moyen de communion entre les hommes. Son exigence de justice le poussa à souhaiter la paix « au-dessus de la mêlée » pendant et après la Première Guerre Mondiale. Il est animé par un idéal humaniste et la quête d’un monde non violent, par son admiration pour Léon Tolstoï,  grande figure de la non-violence, par les philosophies de l’Inde (conversations avec Rabindranah Tagore et Gandhi), l’enseignement de Râmakrishna et Vivekananda, par sa fascination pour ‘Abd-al-Bahā’ (il y fait référence dans Clerambault), puis par le « monde nouveau » qu’il espérait voir se construire en Union Soviétique. En avril 1922, Romain Rolland s’installe en Suisse, au bord du Lac Léman. Quoique de santé fragile, il continue à travailler à son œuvre littéraire, voyage en Europe, et entretient un très vaste réseau de correspondance avec des intellectuels du monde entier. Depuis 1906, et jusqu’à sa mort, il est en relations épistolaires et amicales avec Alphonse de Châteaubriant, malgré d’importantes divergences politiques. Il entretient également une correspondance avec Louis Aragon, Hermann Hesse, André Suarès, Stefan Zweig, Alain (Émile-Auguste Chartier), René Arcos, Jean Guéhenno… jusqu’à sa mort, en 1944. Célèbre pour son Jean-Christophe (1904-1912), cycle de dix volumes divisés en trois séries, Jean-Christophe, Jean-Christophe à Paris, La Fin du voyage, publiés dans les Cahiers de la Quinzaine. On note encore une Vie de Michel-Ange (1907), Musiciens d’aujourd’hui (1908). D’après WikipédiA.

[4] Professeur Wihelm Gundert (1880-1971), japonisant, traducteur du Bi Yaen-Lu, la Bible du bouddhisme Zen (Éditeur Hanser, Munich, 1960-1973 – 3 volumes).

[5] Hermann Hesse, Lettres (1900-1962), « À Romain Rolland », Paris, Calmann-Lévy, 1981, p. 39.

[6] Hermann Hesse, Siddhartha, « Le passeur », Paris, Livre de Poche, 1977, p. 165.

[7] Résumé de l’ouvrage au dos de l’édition de poche de 1981.

[8] Hermann Hesse, Knulp, Paris, Livre de Poche, 1981, p. 120.

 
 

 
 

Jeudi 4 avril 2019

 
 

Rencontre avec Matthieu GARRY, thérapeute

 
 

Il est rare que je ne me rende pas sur le marché de Saint-Astier, de bonne heure, le jeudi matin ; d’autant qu’aujourd’hui était celui du retour, après la trêve hivernale, de ma maraîchère bio préférée, la jolie Marjolaine qui par un travail colossal ‒ bien aidée en cela par son compagnon, le silencieux et dévoué Théau ‒, nous offre la perfection d’un étal riche en couleurs et en saveurs.

 

J’avais comme un pressentiment que je ferai aujourd’hui une rencontre importante, peut-être déterminante ; aussi ai-je balayé toute activité pour me préparer à ce rendez-vous, à Bourrou, non loin des Rolphies.

 

Ce praticien en Médecine Traditionnelle Chinoise maîtrise l’acupuncture, l’acupressure, le massage Qui Gong, la pharmacopée et quelques autres techniques peu communes.

 

Une heure d’entretien permet d’établir un bilan de santé. L’heure qui suit est consacrée à la pratique médicale.

 

Lorsqu’on se relève de la table de soin on vacille, il convient de s’accorder un petit temps en position assise pour retrouver l’équilibre vertical.

 

Même si je me sens particulièrement délié ce soir (j’ose dire jeune), je vais laisser 4 ou 5 jours au traitement pour manifester pleinement ses effets, puis en causer en connaissance de cause, sérieusement.

 

Je veux ce soir vous parler d’un être humain étonnant qui est jeune, peut-être un peu moins qu’il ne parait l’être, sinon comment aurait-il acquis tout ce savoir, et la calme sérénité avec laquelle il le pratique ?

 
 
Atelier du Bien-Être © Cliché Matthieu Garry
 

 

Son cadre de vie respire la sobriété. Le thérapeute ne joue aucun rôle social, il est d’une grande simplicité et modestie ; l’appréciation d’humilité me vient à l’esprit. Il vous regarde cependant droit dans les yeux tout au long de son examen.

 

Pendant les soins, il ne vous laisse pas seul, il demeure en contact avec votre ressenti, vos demandes, vos questionnements ; il vous invite même à communiquer et orienter ses soins.

 

Nous sommes dirigés, religieusement, politiquement, souvent socialement par des tricheurs. Mentir est leur plus constant mode de communication. Il n’a pas échappé à Matthieu Garry que mes émotions négatives étaient générées par l’injustice, par l’incroyable, l’insupportable injustice de nos sociétés. Et voici que je me trouve face à un Honnête Homme, sans déguisement et qui nous propose ce que nous dénie la médecine compensatrice que nous ne connaissons que trop, impuissante devant l’irréductible effritement causé par l’avancée de l’âge, avec ses dysfonctionnements physiques et psychiques.

 

 
 
 
 

 

Celui qui conteste l’ordre social frelaté ne peut qu’être étonné et émerveillé par cette authenticité. Si au lieu de regarder et commenter nos guignols charognards nous regardions ceux qui sont des pourvoyeurs de bonnes nouvelles, des ‟Innocents” comme l’entendait et l’espérait pour lui-même, l’écrivain Joseph Delteil. ♦

 
 

 

Énergétique chinoise Matthieu GARRY

 

 

 
 

 
 

Mercredi 3 avril 2019

 
 

Fabrice ALLIN & Vincent ROUSSEL, marché du mardi à Manzac

 
 

Hier, c’était la journée jardin du mois d’avril avec Olivier qui, avec sa fulgurance coutumière, a réalisé un travail stupéfiant et mis le jardin à même d’être au mieux de son charme pour ce nouveau printemps.

 

Il me quitte et un aller-retour à la bibliothèque Charlotte Delbo me permet de remettre les ouvrages de Pierre Pommarède et de Jean-François Gareyte, et d’emporter l’ouvrage d’Yvan Verschueren, Le short bleu[1].

 

Traversée de Manzac : le marché semble plus conséquent ce mardi soir, mais je me rends prestement à Bourrou repérer la demeure de Matthieu Garry, praticien en Médecine Traditionnelle Chinoise, pour notre rendez-vous de jeudi.

 

 
 
Fabrice arrive au marché de Manzac©cliché Lucette Rabut, 2018
 

 

 

Au retour, je fais halte au marché jusqu’à 20h00 alors que la fraîcheur gagne et met un terme à notre conversation avec l’adorable Lucette ; elle qui a voulu ce marché de proximité en fin de journée et qui contacte les passionnés d’une nouvelle forme de vie au cœur de nos villages.

 

C’est ainsi que je retrouve Claire ‟l’happycultrice”, Josette la fidèle absolue, même si un de ses genoux la met au supplice.

 

Première venue d’un sympathique allemand qui propose des vins de Bergerac (y compris en Bio), exception faite de mon favori, le Rosette.

 

Les plants et les jeunes feuilles de blettes jaunes, rouges et traditionnelles pour un repas simple et printanier.

 

     
     
 
Fabrice et son compagnon de marché©Lucette Rabut   L’épicerie ambulante de Fabrice©Lucette Rabut
     

 

Retour d’un temps heureux par l’entremise de Karine et de Vincent ; ils étaient des proches de Fabrice, lui qui fut avec sa roulotte, son cheval et sa belle humeur l’âme de ce marché. Je partage avec Claire un pain de Clément Fleurenceau, paysan-boulanger de Beleymas.

 

Vincent exerce une activité compostage au sein de l’association des Enfants du Pays de Beleyme et propose des exemplaires du Journal du pays fantôme, dont le centième numéro. Il a signé dans le numéro 99 bis, un article sur un champignon qui pousse sur les arbres et qui possède de très nombreuses propriétés bienfaisantes, dont me parlait lors d’une marche, le long du canal de Saint-Astier, l’ami Pierre Jouin. Sa rubrique intitulée Découvertes des plantes de Picatouet ! nous propose, en effet, de profiter des qualités exceptionnelles du Reishi. ♦

 
 
 
 
 
 
 

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[1] Yvan Vershueren, Le short bleu, préface de Michel Testut, Périgueux, Arka/Yvan Vershueren, 2017.