Écologie – Vie saine

 
 
 

 
 

 

Samedi 5, mercredi 9, vendredi 11, samedi 12 octobre 2019

 
 
 

Clément et son stand sur le marché de Mussidan

 
 
 
     
     
 
La Crempse traverse Mussidan   Souvenir de la Félibrée de 1985
     
     

 

 

Ce matin, Michel de Saint Géry se tenait à la droite de Clément sur le marché de Mussidan. Il y a bien longtemps que je rencontrais Michel pour la première fois ; son jardin à ‟La Contie” était une vraie vitrine magique de ce que la nature offre, en bio, comme diversité et en richesse de coloris. C’est chez lui que je trouvais mes premières tomates blanches ramenées chez moi comme des trophées. J’aurais parié que Clément était un de ses fils cachés tant il y a de filiation dans l’émerveillement qui habite l’un et l’autre. Mais à sa gauche, très fière de son fils, se manifeste une mère qui soutient pleinement ses choix. Voilà qui est assez inusuel pour que l’on doive le saluer.

Mussidan s’honore de quatre stands bio.

 
 

 

 
 
Clément Dubreu, sur le marché de Mussidan
 
 

 

Ce qui étonne chez le réservé Clément, c’est son succès. Il me voit pour la troisième fois et déjà, il a un geste amical de bienvenue ; de toute évidence, ses clients l’apprécient, il semble être l’enfant chéri de ce marché. Ce marché, comme tous les marchés réunit les retraités du secteur. Pour autant, ce sont aussi de jeunes couples avec de petits enfants qui viennent le saluer, l’embrasser, lui faire une visite avec une évidente joie.

 

     
     
 
     
     
     

 

Son étal est assez restreint mais de très haute qualité : des carottes traditionnelles et des jaunes trapues, d’énormes choux-fleurs, des salades rutilantes, des aromatiques en opulents bouquets : persil frisé, plat, aneth, thym, romarin, coriandre ou fines herbes. Au-dessus, s’alignent les eaux florales, les petits flacons d’huile essentielle de lavande, des sachets de plantes aromatiques et médicinales séchées. Tout cela est soigneusement présenté, aligné, et on l’imagine sans peine préparé avec le plus grand soin. Surprenant personnage, qui semble hors du temps, orfèvre dans sa spécialité, son banc atteint une sorte de perfection, où l’on devine aisément la passion, une forme de délectation.

Timide dit Alaric – qui lui l’est si peu –, non, je ne crois pas que ce soit le mot juste. Humble, avec une âme d’enfant, sûrement. Il manifeste une forme de grâce, syncrétisme de sourire et de silence, révélant une incontestable spiritualité. Nous avons à faire à un être pur, heureux de ses options, de son activité. Adieu civilisation cynique, avide de consommation stupide. Il a fait le choix résolu d’un mode de vie idéalement modeste. Comment ne serait-il pas adepte de la décroissance heureuse ? En tout cas, il en donne l’exemple en se déplaçant avec une bicyclette électrique et une remorque. On reste admiratif, confondu devant une telle authenticité. ♦

 

     
     
 
Le port de Mussidan sur l’Isle autrefois  

L’Isle aujourd’hui recevant son affluent, La Crempse

 

     

 

 
 

 

 
 

Samedi 6, dimanche 7, lundi 8 juillet 2019

 
 

 

 

David Hivers, joie, vitalité, réalisation

 
 

 

Bruno Adrie nous confie que si « la bassesse a toujours existé, aujourd’hui elle est la règle, elle est le moteur et elle s’exhibe. » Christian Goux, écrivait en juillet 1978, dans le Monde Diplomatique une étude intitulée M. Raymond Barre et les recettes du capitalisme, qui débute ainsi : « Rien ne devrait nous étonner d’un système qui repose sur ce qu’il y a de plus fort et de plus vil dans la nature humaine, l’orgueil et la cupidité, et qui met l’argent au premier rang de son échelle des valeurs… Il faut dire à leur décharge que la pression sans cesse renouvelée de l’idéologie dominante, par radio et télévision interposées, réalise aujourd’hui, un bourrage de crâne dont on se demande encore comment il peut être toléré et qui rappelle de bien fâcheux souvenirs.[1] » Barre, ce Premier Ministre patelin, insidieux, était aussi corrompu et davantage encore que le pitoyable Cahuzac.

 

L’immensité des mensonges proférés nous conduira-t-elle à renoncer ou à nous indigner, à revendiquer et conspuer un pouvoir aux pratiques de plus en plus douteuses et odieuses ?

 

Nous détournant de cette horde politique indigne et prédatrice, en observant nos semblables, en dehors des avachis, des consensuels, des abêtis et autres abrutis, ne voyons-nous rien d’autre ?

 

Nous voyons aussi des êtres qui ne plient pas, qui regardent dans une autre direction et ne se laissent pas infléchir par les contingeances. Nous en avons découvert un certain nombre sur nos marchés qui ne ressemblent aucunement à la servile valetaille de la libre concurrence ; assez récemment nous en vîmes arriver un tout nouveau sur le marché de Manzac-sur-Vern à qui les éléments d’une phrase que Xavier Grall dédie à Joseph Delteil trouve une tout aussi juste application, car ce qu’il « nous donne avec le plus de profusion et d’originalité, c’est la joie. Virile et profonde exultation d’être, d’exister, de créer, d’aimer et de croire[2]. »

 

David Hivers, pour le nommer, est un jeune homme de 27 ans, tonique, joyeux et dynamique. Il me semble intéressant de comprendre pourquoi il a ainsi la pêche en permanence. La situation en France n’est pas réjouissante. Le Capital détruit tout : environnement, espèces animales, êtres humains exploités et empoisonnés avec perfidie et violence, prédation nourrie par une avidité monstrueuse. L’atmosphère globale, il en est assez question dans la presse et les journaux télévisés, n’est pas vraiment festive, elle est peut-être même orientée pour déstabiliser, démoraliser, décourager et soumettre.

 

C’est en marchant depuis quelques années, de plus en plus régulièrement, jusqu’à une heure par jour, que rencontrant quelques femmes et hommes d’âge mur mais décidés à entretenir et à conserver leur santé, que se fait jour en moi, une réflexion. Moi qui n’ai jamais bénéficié de force physique ni d’une réelle santé, comment se fait-il qu’arrivé à la septantaine, je me trouve en meilleure forme que durant toute ma vie ? L’exercice régulier de toute évidence, vivement recommandé par les médecines officielles et parallèles, s’avère être une garantie de bonne santé, de vitalité. Je discute parfois avec un sportif convaincu, Sébastien, sur la Voie Verte du canal de Saint-Astier, qui entraîne avec lui sa compagne et ses jeunes enfants, pour en comprendre tous les bienfaits, l’absolue nécessité.

 

Même avant d’avoir eu accès à son Facebook, j’avais compris que la personnalité épanouie et tonique de David était due au sport, à une vraie forme physique.

 

 
 
David Hivers sur le marché de Manzac-sur-Vern, juin 2019
 
 

‟Fauricat” est situé sur un plateau, à 400 mètres d’altitude. Depuis Vergt, entre la route du Bugue et celle qui rejoint Marsaneix, au-dessus du village de Salon de Vergt, on respire un air pur, la vue est partout dominante. Je m’y trouvais, samedi en fin de matinée.

 

 
 
Les hauteurs de ‘Fauricat’
 
 

 

Le personnage n’est pas chez lui, il débroussaille avec ses potes les abords d’un étang à proximité où il fait sans aucun doute bon passer un moment de détente, comme c’était d’usage autrefois. La mer et ses plages à haute densité de sardines rapprochées et cuites ne sont pas une obsession chez ces ruraux.

 
 
Nerium oleander ‘Luteum plenum’
 
 

Particulièrement opulente, jaillissant du sol à proximité de la maison, une touffe de laurier rose, variété double de coloris blanc crème, caractérise à elle seule la philosophie épanouie de ce jeune couple. En attendant David, je prends quelques photos d’une tige agrémentée de fleurs bleues, celles de la chicorée sauvage ou chicorée amère (Cichorium intybus L) que mon grand-père appréciait tant. J’avais photographié début 1970, Jean-Léopold, avec ces floraisons estivales qui toujours me l’évoquent.

     
     
 
Nymphea   Cichorium intybus L
     
     

L’étang se pare de quelques fleurs de nymphéas d’un idéal blanc rosé. J’aperçois encore de gros bouquets de buddleias, jaunes, blancs et violets. On dirait que le maraîcher bio, connaît aussi les plantes ornementales.

 

Mais voici que notre gaillard arrive…

 

Nous contournons l’étang pour apercevoir un des deux chevaux du propriétaire, sa compagne monte le second. Celui qu’il appelle et qui accourt est dévoré par les mouches. Il a la tête protégée par une voilette comme en portaient les veuves de l’ancien temps, s’avançant pour les vêpres. Cette protection est de haute nécessité pour l’animal. J’apprends des choses !

 
 
La jument Kahina et son masque anti mouches
 
 

 

Avant qu’il ne se décide à s’engager dans l’autonomie du maraîchage bio, sur la propriété qui fut celle de ses grands-parents, David, à l’âge de 17 ans, parcourait d’importantes distances pour se rendre à Bergerac chez son employeur horticulteur. Il préparait le BEP horticole. Ce qui explique que les fleurs alternent avec les légumes sur ses plates-bandes.

 

Je parcours avec le propriétaire ces 7000 m2 de culture bio sur champs en plein air et sous plusieurs tunnels imposants et neufs. Nul doute, il y travaille avec ardeur, car l’ensemble est de belle tenue. La vigueur des végétaux en culture traduit, par ailleurs, une bonne fertilité du sol.

 

 

 
 
Les tunnels de ‘Fauricat’
 
 

Le bélier noir et farouche, le troupeau de petits moutons d’Ouessant en camaïeu beige, marron et noir, s’élancent, se dissimulent, réapparaissent, cabriolent et en définitive nous narguent ! Le bélier est un guerrier qu’il ne faut pas provoquer.

     
     
 
Poules, moutons et bélier d’Ouessant   Coq et poules de Marans bleues a camail cuivré
     
     

 

Les canes et leurs canetons processionnaires s’en vont à l’eau, y pataugent et en ressortent en farandoles cahotantes. David dit qu’ils ont le port haut et raide, mais sans doute n’est-ce pas aussi flagrant que chez notre auguste président !

 

Mardi dernier, je tombais des nues lorsque David parla d’œufs à coquilles bleu clair, vert et chocolat, et je n’étais pas le seul !

 

Sa collection de poules est assez fabuleuse et l’on sent bien que David éprouve une passion pour la gens volatile. On découvre dans cet enclos la Marans noire, au col noir et cuivré et aux œufs chocolat foncé. Mais encore la Marans au cou argenté et aux petits œufs chocolat clair.

 

Le coq Cream Legbar faiseur d’œufs bleu ciel est mort, laissant en manque, ces poules britanniques grises (au plumage nettement plus sobre que l’« Old Queen » fluorescente). Les anglaises, nous le savons, ne sont pas aussi prudes et chastes qu’elles veulent le laisser croire. Les infidélités ne se signalent pas par la ponte, invariablement de coloris bleu, mais les poussins eux présentent souvent les signes d’autres espèces.

 

Il n’y aura pas ici, dans l’un de ces nids disséminés, des œufs d’un vert olive pâle puisque la variété Araucana n’est pas encore invitée en ce poulailler pourtant richement pourvu.

 

La Vorweck, marron à col noir, est une excellente pondeuse d’œufs classiques.

 

Si Élisabeth de Brossin de Méré[3] (née Élisabeth Guénard), au pseudonyme succulent de Faverolles, ancien officier de cavalerie, ne sortait que soigneusement rasée, il n’en est pas de même de la Faverolle claire, ici bien représentée et barbue à souhait, la femelle presque autant que le mâle !

 

Depuis que je m’alimente avec les productions maraîchères des marchés locaux, j’observe un retour des jeunes terriens vers le patrimoine ancestral, patrimoine dont je suis moi-même originaire. De l’émigration vers les citées, exode de deux ou trois générations fascinées par les usines, est né une sorte d’esclavage consenti permettant par étapes et luttes sociales, de bénéficier de repos hebdomadaire, de jours fériés chômés et rémunérés, de congés payés ce qui ne peut s’envisager très sereinement pour les paysans où chaque jour impose ses occupations incontournables.

 

Il faut choisir entre aller relativement souvent courber l’échine chez les autres, ou tenter d’être maître en son modeste royaume, assumer la fierté et l’honneur de l’indépendance. Cela a un prix, très élevé parfois, que les authentiques sont prêts à payer. □

 

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[1] M. Raymond Barre et les recettes du capitalisme, par Christian Goux, juillet 1978, site du Monde Diplomatique.

[2] Xavier Grall, Delteil ou le génie du baroque, p. 338-339, dans Les Dossiers H, de la revue L’Age d’Homme consacré à Joseph Delteil, Lausanne, 1998.

[3] Élisabeth de Brossin de Méré, née Élisabeth Guénard à Paris en 1751 et morte dans la même ville le 18 février 1829, est une femme de lettres française, auteur en particulier de nombreux romans. Elle a publié plus de trois cents ouvrages sous son nom de jeune fille ou divers pseudonymes, ce qui lui a valu d’être surnommée « la providence des libraires et des cabinets de lecture ». Entrée en littérature en 1799, elle consacre les trente dernières années de sa vie à l’écriture de romans historiques ou sensibles, de contes moraux, de brochures politiques, d’ouvrages d’éducation, mais aussi de mémoires licencieux, d’anecdotes et de compilations. La plus grande partie de son œuvre est marquée par une pensée conformiste, prônant des idées religieuses et monarchiques. En revanche, ses écrits publiés sous les pseudonymes d’« A. L. Boissy », « J. H. F. Geller » ou « Faverolles, ancien officier de cavalerie », se distinguent par leur ton frivole ou licencieux et leur caractère érotique (Source WikipédiA).

 
 
 

 


 

 
 

 

 

Samedi 25, lundi 27, mardi 28 mai 2019

 
 

 

Mon amie la nature

 
 

 

Alaric Beyney ajoute une grosse fraise bio au petit panier de l’anniversaire de Léana, fille de mes nouveaux voisins d’en face. Elle a eu 2 ans, le 21 mai. Nous fêterons son anniversaire à midi.

 

Neuvic est mon troisième marché de la semaine après celui de Manzac, le mardi en fin d’après-midi, de Saint-Astier, le jeudi matin.

 

Je me suis engagé à défendre ceux, qui jeunes et valeureux, se sont investis dans le bio, les alternatives à l’empoisonnement général, le retour à une vie saine, préservant ce qui peut l’être de nos santés, nous assurant une meilleure qualité de vie. Ma curiosité illimitée m’a permis de constater qu’ils sont nombreux : une vraie chance ! Depuis Manon Léret, à Mauzac pourvoyeuse de shiitakes, pleurotes, champignons de Paris et endives bios, Marjolaine et Théau à Sainte-Alvère à l’étal si joyeux, frais et luxuriant. Relayant par ailleurs les productions champignonnières de Manon. Leur production de tomates  sont sans égales, dont la bleue, ‟Indigo blue beauty”. Cette année, le couple a réussi les semis d’une excellente variété blanche dont j’avais remis des graines à Marjolaine, ainsi en ajoutant une rouge je pourrai offrir une salade républicaine, parfaitement tricolore, à nos invités. Plus près d’ici, Laura et Jérôme paysans-boulangers de la Dynamo, sise à Léguillac-de-l’Auche ou encore Clément et Manon également paysans-boulangers à Beleymas et quelques autres nous garantissent un pain idéal. Après 30 ans d’abstinence je peux enfin en remanger, sans doute parce qu’il est pétri au levain !

 

Du marché de Manzac-sur-Vern, Fabrice a cessé son activité, et c’est grand dommage pour nous : avec sa carriole il nous apportait un grand bol d’air frais et de bonne humeur. Stéphane et son mentor Mercier ont disparu de la place de Manzac, il nous reste heureusement l’happycultrice, la si gracieuse Claire. Il y a aussi Josette et son camion de marché, d’une fidélité exemplaire. Encore, Corinne et ses fraises délicieuses, naturelles et ses conserves de canard. En bio, il ne reste que Sandrine, implantée aux Lèches qui au printemps propose des plants de légumes et de fleurs. Nouvelle, Amandine propose, sous l’appellation Naturel’mandou, une production artisanale de savons et de cosmétiques naturels. Notre ami Lothar, nous propose la gamme des vins de Bergerac, y compris en bio ainsi que le Rosette du producteur Jean-Pierre Destombes, excellent petit vin blanc que l’on boit sous les tonnelles !

Et depuis quelques marchés nous avons un couple qui représente l’authentique, le retour à la vie naturelle en autonomie, Karine et Vincent. Avec les œufs de leurs poules, ils proposent encore le pain des boulangers du secteur en attendant d’autres réalisations innovantes qui demandent du temps et de la réflexion, sans doute des subsides aussi.

 

Saint-Astier est un des marchés les plus importants et courus du département. Laura y propose son pain, auparavant Emmanuel tenait souvent ce stand avant qu’il n’aille s’occuper du parc botanique du château de Neuvic. Françoise David ayant des soucis de santé ainsi que sa belle-sœur, c’est Jean-Baptiste, le fils de cette dernière qui assure l’intendance de ce vaste stand généreusement doté en toutes saisons. Assez nouvellement arrivée à Saint-Astier, l’étal de Marjolaine apporte des compléments fort bienvenus, au-delà de superbes tomates en saison, légumes et désormais les champignons de Manon Léret. N’oublions pas le fromage de chèvre de Tom, le plus jeune exposant de ce marché, salué l’an passé par la Dordogne Libre.

 

À Neuvic, le bio n’est représenté que sur deux stands avec Marie-Christine et Alaric. Marie-Christine vend quelques légumes (pissenlits, aillet, oignons nouveaux…) de saison, des légumineuses, des huiles bios (tournesol et noix). Excellente conseillère, elle m’aura appris pas mal de recettes simples pour utiliser toutes les parties des végétaux dont les tiges d’oignons qui fondues à la poêle, font de merveilleuses omelettes et pourraient faire des quiches tout aussi goûteuses que celles bien connues aux poireaux. Et puis, il y a Alaric, qui propose ses légumes, ses fraises et le pain de la Dynamo, de Laura et Jérôme.

 

 

Après le marché du samedi matin à Neuvic, voici venue l’heure de la marche sur la voie verte entre le second pont qui traverse l’Isle direction la gare de Neuvic et la petite île située derrière le château de Mauriac entre rivière et canal.

 

Le calme de la surface des eaux incline à la méditation, à une grande vacuité intérieure. Le temps est léger et clair, devenant chaud, un peu oppressant.

 

Mon affinité avec le poète et écrivain Hermann Hesse se manifeste pleinement dans ces moments fusionnels et contemplatifs qu’offre la nature.

 

En dehors d’un TER Limousin je n’eus comme compagnie que celle des chants d’oiseaux et le crissement des grillons. Repos de l’esprit.

 

Les floraisons sont peu nombreuses et presque exclusivement blanches en dehors de quelques églantiers rose tendre. Les sureaux (sambucus nigra) atteignent sur ces berges fertiles des hauteurs surprenantes, jusqu’à cinq mètres de haut. Leurs ombelles blanches et parfumées ont des propriétés médicinales (indiqué contre les problèmes de surpoids : ses propriétés dépuratives permettent de nettoyer et de purifier l’organisme en le forçant à éliminer ses toxines. Il est également utilisé contre les rhumatismes, l’arthrite et l’arthrose) et entraient, me semble-t-il, avec le frêne et le cassis, dans la composition de la ‟Piquette Vallet” (l’herboriste de la rue Wilson à Périgueux, dans les années 40 à 60) un breuvage qui plaisait à tous, un pschitt naturel et sain.

 

En fleurs également, les cornouillers sanguins (Cornus sanguinea) dont le feuillage s’empourpre de bonne heure en saison donnant le signal des prémices de l’automne.

 

Sur le territoire du Moulin de Villeverneix, entre Vern et Isle, où s’élèvent les structures du parc à Caviar de Neuvic (élevages d’esturgeons), se mêlant à la grâce de la Folle avoine, se dressent les panaches blanc crème de la Reine des prés (Filipendula ulmaria), plante qui prospère en zone humide, en bordure de cours d’eau ou dans les vallées fertiles humifères. Ses propriétés médicales sont importantes, anti-oxydantes, anti-inflammatoires, antalgiques (contiennent de l’acide salicylique, qui deviendra le principe actif de l’aspirine), anti-rhumatismale et puissant diurétique.

 

De retour à la maison, s’activent les préparatifs de la fête chez mes voisins pour les 2 ans de mademoiselle Léana. Par un surprenant hasard, mon principal interlocuteur au temps de l’apéritif, était un copain de Loulou, le chasseur si sympathique du ‟Clou”, fidèle de la famille Rivière, mes cousins retrouvés ! ♦

 

 
 

 

 
 

Jeudi 18 avril 2019

 
 

Alexandre Tansman, Bric à brac. De bric et de broc…

 
 

 

Après le marché de Saint-Astier, vers 10h00, France Musique, dans l’émission En Pistes !, diffusait une musique qui m’a subjugué par la somptuosité audacieuse de son orchestration. J’attendis la désannonce d’Émilie Munera pour débuter une marche le long des berges du canal. Voici un ballet, dommageablement méconnu, d’Alexandre Tansman. Cette partition de 1935, jazzy, dans l’air du temps, est particulièrement riche et séduisante. J’en possède deux versions, celle de Wojciech Michniewski, publiée en 2002, chez CPO diffusée ce matin par France Musique couplée avec un ballet-bouffe, de 1923, intitulé Sextuor ! Koch/Schwann propose ce même ballet avec la Symphonie No 4 sous la direction d’Israël Yinon (2000).

 

     
     
 
     
     

 

Tansman (1897-1986), né en Pologne, fit partie de ‟L’École de Paris” de musique avec le roumain Marcel Mihalovici, le hongrois Tibor Harsǎnyi, le tchèque Bohuslav Martinů, le suisse Conrad Beck, le russe Alexandre Tcherepnine.

 

Sa rencontre avec Maurice Ravel fut essentielle, ce dernier l’introduisit dans les salons les plus réputés de ce temps, auprès de son éditeur et le présenta à de nombreux interprètes. Tansman va très vite faire partie de la vie musicale parisienne devenant l’ami des musiciens du ‟Groupe des Six” ‒ en particulier de Milhaud ‒, de Stravinski, Roussel, Prokoviev, Bartok, Gershwin…

 
 
Ouvrage de Federico Lazzaro
 
 

 

Semaine effervescente autour des marchés et des producteurs bios. Nous visitions dimanche après-midi la serre froide Le temps des semis de Sacha et Cyrille à Beauregard- et-Bassac ; Cyrille était vers 16h00 de retour d’Issigeac, un important marché du dimanche matin. Sacha qui nous fit visiter la serre dimanche, avait déployé, ce matin, son généreux étal, rue du Maréchal Foch, à proximité de l’église de Saint-Astier.

 

         
   
         
   
Le Temps des semis   Sacha   Serre du Temps des semis
         
         

 

Dimanche encore nous visitions au lieu dit La Servantie, le village écologique sur les anciennes terres agricoles d’Andreas Schindler, avec accès libre à un très bel étang, en contrebas ! Il eut été bien triste que le fournil d’Andreas ne trouvât pas successeur, c’est chose faite avec Thomas Granger. C’est ce que nous révèle un article, en page 10, du Journal du pays fantôme no 101 (avril-mai-juin, 2019). Vendredi, c’est Luc Bahin qui me causait du boulanger bio, spécialisé dans la viennoiserie, de Saint-Mayme de Pereyrol, Daniel Fleury, Ô bon pain de Rabette. Impossible donc de manquer de bon pain au levain sur 20 kms à la ronde.

 

         
         
   
         
         

 

Puis lundi matin, nous mettions pour la première fois les pieds sur le marché de Sainte-Alvère, place de l’église, en partie couverte par le chapiteau qui servit samedi pour la cérémonie funèbre de l’épouse du fils du président ivoirien. Nous retrouvions là Manon Léret et ses champignons bios (pleurotes et shiitakes) ainsi que Marjolaine Bencharel. Une petite cousine, Justine, fille de Pierre Rivière, m’accueillit sur son stand traiteur. Excellent pain de seigle d’un autre paysan-boulanger de Sainte-Alvère, mais originaire de Saint-Léon-sur-L’Isle, David Dupuy, ami d’Alaric Beyney.

 

         
         
   
Manon Léret   David Dupuy   Marjolaine Bencharel
         
         

Le soir, nous étions tous effarés d’assister en direct à la télévision à l’incendie effroyable qui ravagea redoutablement Notre-Dame de Paris.

 

Aussitôt les annonces de dons spectaculaires pour rebâtir cet édifice symbolique de la France firent rêver et même s’interroger. Ce n’est certes pas à la mode, mais il semblerait naturel et juste qu’il y ait toujours davantage de mobilisation pour les personnes que pour les pierres aussi magnifiques soient-elles ! On ne restaure pas, même à coup de millions un individu détruit par l’avidité d’un système qui a bien peu de relation avec la Parole Sacrée. Je dirais même, un système qui m’apparaît, d’après les Saintes Écritures, avoir une connotation nettement luciférienne ! ♦

 
 

 

 
 

Mercredi 10 avril

 
 

Le temps des semis

 
 

 

Hier, mardi. Magasin de La Picandine à Saint-Astier : une charmante vendeuse tout sourire nous accueille. Il est presque midi un quart, avant d’y pénétrer, je salue un sportif qui vient aussi faire des provisions. Chaque jour il promène ses jumeaux de trois ans, beaux comme le jour, le long du canal. Escalade des quatre marches pour aller leur dire bonjour. Ils sont dans la petite carriole du vélo paternel. Je les trouve en pleine action, manifestant un appétit enthousiaste ; après avoir avalé une banane, l’attaque des deux pains laisse rêveur ! M’embrasse en suivant la patronne du Lion d’Or de Manzac. Elle espère voir Claire «l’Happycultrice» au marché de fin d’après-midi, afin d’y faire des provisions de miels pour la réouverture de l’hôtel. Je lui annonce que Claire ne sera pas là, elle est en voyage en Écosse.

 

Peu après, je traverse la passerelle sur l’Isle pour marcher autour des deux stades. L’Isle est une belle rivière, même si d’autres, comme Yvan Verschueren, ne cachent pas leur passion pour la Dordogne[1]. Pour moi c’est la Dronne. Ciel d’azur, soleil qui réchauffe. En perspective une ligne végétale qui arbore toutes les nuances subtiles du vert. Un sentiment de gratitude m’envahit : quelle chance d’habiter ces lieux préservés, de respirer un air presque pur et de pouvoir jouir de tous ces espaces de marche en bordure ou non de la rivière. Je pense alors à tous ceux qui chaque jour respirent un air vicié, voire mortel. Ce privilège n’est plus aussi naturel qu’il l’était autrefois – presque garanti pour tous !

 

Au retour, une jeune fille déjeune assise dans l’herbe au bord de l’Isle. Combien de ces merveilleux moments étaient coutumiers au temps de notre jeunesse ? Superbe tradition du déjeuner sur l’herbe.

 

Vers 16h00, nettoyage de deux massifs en vis-à-vis au jardin, entre cornouiller de Floride rouge (cornus florida rubra) et magnolia à fleurs blanches. Ma voisine Sophie accepte une petite ballade dans le jardin avec sa fille Léana qui cherche toujours où est son petit chien qui nous a suivis.

 

La grande surprise va avoir lieu au marché vers 17h30. Je pensais, en raison du départ en vacance de Lucette, Claire, Karine et Vincent, que je ne retrouverais là que Josette et notre vendeur de vins de Bergerac. Le petit stand de plants tenu par une jeune femme n’y était pas. Un stand impressionnant, tenu de manière rigoureuse mais avec beaucoup de bonne humeur par un jeune homme, Cyrille, avait pris sa place ! Je me suis dit : « quel luxe pour un si modeste marché » ‒ marché pas vraiment encore installé mais qui semble comme ailleurs, reprendre des couleurs, avec l’arrivée du printemps.

Christina, architecte (excusez du peu !), remplaçait amicalement Karine et Vincent. Pérennisation des œufs frais assurés par une quarantaine de poules ! et toujours le pain de Beleymas, tellement savoureux et tendre que j’en ai repris un pour moi tout seul.

 

Il existe des jeunes qui ne donnent nullement dans le style Start-up ou les élucubrations d’un petit bourgeois en autosuffisance narcissique, mais qui possèdent un sérieux qui impressionne. L’étal du Temps des semis de Beauregard-et-Bassac est royal, riche de toutes sortes de variétés, chaque plant parait robuste et sain. Son animateur cultive ses plants en serre froide à l’entrée de ce village déjà légendaire qui n’a pas fini de faire causer de lui. Cyrille  et sa compagne Sacha étaient universitaires. Sacha avait entrepris des recherches en éducation, elle pensait devenir traductrice de russe, espagnol et anglais puis s’est dirigée vers Sciences Politiques. Cyrille était ingénieur dans la gestion de chantiers, en bureau d’études environnementales. Ils sont originaires de Belgique, et se sont installés après trois années de WWOOFing[2] (exercice gracieux d’un travail, contre le logement, le couvert et l’acquisition d’expériences professionnelles dans le bio) depuis leur pays en passant par la France, l’Espagne et le Portugal.

 

Mon expérience professionnelle m’a maintes fois confronté à des demandeurs d’emploi en recherche d’une vie hors du système, hors de l’exploitation sociale organisée. J’ai toujours favorisé cette option tout en rappelant les risques potentiels que pouvaient générer les utopies, les zones mal définies, parfois hasardeuses, craignant des excès de marginalisation pour cette jeunesse combative, mais à qui il manque une solide expérience professionnelle. Il est possible de vivre en marge de ce monde corrompu, mais mieux vaut en connaître les règles et surtout les pièges. 

 

Le Temps des semis, comme La Bruyère qui rit ‒ ferme maraîchère et paysanne que nous avions visitée l’an passé, ne peuvent, par leurs qualités de rigueur, la manifestation d’une authentique passion professionnelle, un investissement permanent, qu’inspirer notre respect et, me semble-t-il, sont annonciatrices de vraies réussites. ♦

 
 

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[1] Yvan Verschueren, Le short bleu, « Les vacances à la campagne », Périgueux, Arka/Verschueren, 2017, p.77s.

[2] WWOOFing est un mouvement qui permet des échanges de savoirs et d’entraide entre individus de tous horizons et des agriculteurs bio, des particuliers « écolos ». Les valeurs de base sont la confiance, la tolérance et la générosité : https://www.wwoof.fr/accueil

 
 

 

 
 

Jeudi 4 avril 2019

 
 

Rencontre avec Matthieu GARRY, thérapeute

 
 

Il est rare que je ne me rende pas sur le marché de Saint-Astier, de bonne heure, le jeudi matin ; d’autant qu’aujourd’hui était celui du retour, après la trêve hivernale, de ma maraîchère bio préférée, la jolie Marjolaine qui par un travail colossal ‒ bien aidée en cela par son compagnon, le silencieux et dévoué Théau ‒, nous offre la perfection d’un étal riche en couleurs et en saveurs.

 

J’avais comme un pressentiment que je ferai aujourd’hui une rencontre importante, peut-être déterminante ; aussi ai-je balayé toute activité pour me préparer à ce rendez-vous, à Bourrou, non loin des Rolphies.

 

Ce praticien en Médecine Traditionnelle Chinoise maîtrise l’acupuncture, l’acupressure, le massage Qui Gong, la pharmacopée et quelques autres techniques peu communes.

 

Une heure d’entretien permet d’établir un bilan de santé. L’heure qui suit est consacrée à la pratique médicale.

 

Lorsqu’on se relève de la table de soin on vacille, il convient de s’accorder un petit temps en position assise pour retrouver l’équilibre vertical.

 

Même si je me sens particulièrement délié ce soir (j’ose dire jeune), je vais laisser 4 ou 5 jours au traitement pour manifester pleinement ses effets, puis en causer en connaissance de cause, sérieusement.

 

Je veux ce soir vous parler d’un être humain étonnant qui est jeune, peut-être un peu moins qu’il ne parait l’être, sinon comment aurait-il acquis tout ce savoir, et la calme sérénité avec laquelle il le pratique ?

 
 
Atelier du Bien-Être © Cliché Matthieu Garry
 

 

Son cadre de vie respire la sobriété. Le thérapeute ne joue aucun rôle social, il est d’une grande simplicité et modestie ; l’appréciation d’humilité me vient à l’esprit. Il vous regarde cependant droit dans les yeux tout au long de son examen.

 

Pendant les soins, il ne vous laisse pas seul, il demeure en contact avec votre ressenti, vos demandes, vos questionnements ; il vous invite même à communiquer et orienter ses soins.

 

Nous sommes dirigés, religieusement, politiquement, souvent socialement par des tricheurs. Mentir est leur plus constant mode de communication. Il n’a pas échappé à Matthieu Garry que mes émotions négatives étaient générées par l’injustice, par l’incroyable, l’insupportable injustice de nos sociétés. Et voici que je me trouve face à un Honnête Homme, sans déguisement et qui nous propose ce que nous dénie la médecine compensatrice que nous ne connaissons que trop, impuissante devant l’irréductible effritement causé par l’avancée de l’âge, avec ses dysfonctionnements physiques et psychiques.

 

 
 
 
 

 

Celui qui conteste l’ordre social frelaté ne peut qu’être étonné et émerveillé par cette authenticité. Si au lieu de regarder et commenter nos guignols charognards nous regardions ceux qui sont des pourvoyeurs de bonnes nouvelles, des ‟Innocents” comme l’entendait et l’espérait pour lui-même, l’écrivain Joseph Delteil. ♦

 
 

 

Énergétique chinoise Matthieu GARRY

 

 

 
 

 
 

Mercredi 3 avril 2019

 
 

Fabrice ALLIN & Vincent ROUSSEL, marché du mardi à Manzac

 
 

Hier, c’était la journée jardin du mois d’avril avec Olivier qui, avec sa fulgurance coutumière, a réalisé un travail stupéfiant et mis le jardin à même d’être au mieux de son charme pour ce nouveau printemps.

 

Il me quitte et un aller-retour à la bibliothèque Charlotte Delbo me permet de remettre les ouvrages de Pierre Pommarède et de Jean-François Gareyte, et d’emporter l’ouvrage d’Yvan Verschueren, Le short bleu[1].

 

Traversée de Manzac : le marché semble plus conséquent ce mardi soir, mais je me rends prestement à Bourrou repérer la demeure de Matthieu Garry, praticien en Médecine Traditionnelle Chinoise, pour notre rendez-vous de jeudi.

 

 
 
Fabrice arrive au marché de Manzac©cliché Lucette Rabut, 2018
 

 

 

Au retour, je fais halte au marché jusqu’à 20h00 alors que la fraîcheur gagne et met un terme à notre conversation avec l’adorable Lucette ; elle qui a voulu ce marché de proximité en fin de journée et qui contacte les passionnés d’une nouvelle forme de vie au cœur de nos villages.

 

C’est ainsi que je retrouve Claire ‟l’happycultrice”, Josette la fidèle absolue, même si un de ses genoux la met au supplice.

 

Première venue d’un sympathique allemand qui propose des vins de Bergerac (y compris en Bio), exception faite de mon favori, le Rosette.

 

Les plants et les jeunes feuilles de blettes jaunes, rouges et traditionnelles pour un repas simple et printanier.

 

     
     
 
Fabrice et son compagnon de marché©Lucette Rabut   L’épicerie ambulante de Fabrice©Lucette Rabut
     

 

Retour d’un temps heureux par l’entremise de Karine et de Vincent ; ils étaient des proches de Fabrice, lui qui fut avec sa roulotte, son cheval et sa belle humeur l’âme de ce marché. Je partage avec Claire un pain de Clément Fleurenceau, paysan-boulanger de Beleymas.

 

Vincent exerce une activité compostage au sein de l’association des Enfants du Pays de Beleyme et propose des exemplaires du Journal du pays fantôme, dont le centième numéro. Il a signé dans le numéro 99 bis, un article sur un champignon qui pousse sur les arbres et qui possède de très nombreuses propriétés bienfaisantes, dont me parlait lors d’une marche, le long du canal de Saint-Astier, l’ami Pierre Jouin. Sa rubrique intitulée Découvertes des plantes de Picatouet ! nous propose, en effet, de profiter des qualités exceptionnelles du Reishi. ♦

 
 
 
 
 
 
 

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[1] Yvan Vershueren, Le short bleu, préface de Michel Testut, Périgueux, Arka/Yvan Vershueren, 2017.