Ma génération s’effrite

 

Journal 2019

 
 

 

Philippe Bost nous a quitté

Lundi 4 février

 
 
 


Marie-Annick m’annonçait cette triste nouvelle à l’échéance de mon retour glacial, entre pluie et neige, depuis la demeure de Sébastien, mon webmaster chez lequel je découvrais mon site personnel – Le Jardin d’Épicure – idéalement concocté alors que sur le site des Amis de la musique française tout le travail de mise en page pour le bicentenaire de Jacques Offenbach s’était soudain trouvé chamboulé, pas seulement cette page d’ailleurs, à ma grande stupeur. Impossible en plus de parvenir au paiement de l’hébergement afin que je puisse y avoir accès. C’était encore, juste avant cette halte, l’accueil glacial du responsable de la concession de Saint-Astier, Renault-Dacia que je croyais être le chef d’atelier. De m’avoir facturé 140€ un pneu de Sandéro en septembre dernier me semblait très excessif, de l’avoir écrit dans l’enquête Dacia lui avait particulièrement déplu. J’avais peu l’habitude dans mes activités professionnelles de me taire, surtout lorsque je contrôlais les demandeurs d’emploi et que de 15 à 20 fois par jour je devais prendre une décision sur le maintien, la réduction ou la suppression temporaire ou définitive de leurs droits. De même lorsque j’étais, entre 1997 et 2000, en Inspection du Travail il me fallait prendre parfois de sévères décisions pour protéger des salariés maltraités.

 

 

 

Philippe Bost est décédé le 30 janvier.

 

Philippe Bost était un de mes camarades à Bertran de Born, comme le furent Bertrand Kervazo, Norbert Aujoulat (préhistorien, disparu en 2011), Xavier Darcos, Bernard Combeaux (fils de mon directeur dans les années 70, professeur d’université à Bordeaux, décédé en janvier 2018).

 

Beau gosse comme on dit, Philippe était un des plus grands de taille de la classe, sportif, à la fois discret et charmant. Mais encore mélomane. Il lui arrivait de siffler à la perfection la mélodie du premier mouvement du concerto pour violon de Mendelssohn en entrant pour nos cours ! Michel Valprémy ‒ qui était mon plus proche camarade, décédé lui une nuit de l’année de ses 60 ans, en septembre 2007 ‒, et moi étions des fans de musique classique, cela ne manquait pas de nous surprendre et de nous enchanter. Ce jeune fair-play était en bon terme avec tout un chacun, mais nettement indépendant selon mes souvenirs, peut-être copain avec un autre grand gaillard du nom de Baboulène, qui fut je crois policier et qui est décédé il y a déjà des années.

 

Je dois à Philippe un des plus beaux gestes qui me soit advenu, à la fois défensif et revalorisant.

 

Dans la cours de récréation, un de nos autres camarades, brut de décoffrage comme on dit, Guigne était son nom, me cherchait des noises, tentant de m’humilier sur ma petite taille et mon côté frêle, ce qui était réel, inopportun et cruel. Un jour qu’il me provoquait, Philippe Bost qui le dépassait de 10 centimètres, s’approcha de nous en lui disant : « Qu’est ce qui te plait pas chez Joubert, sa hauteur, sa minceur, mais tu as vu ta gueule à côté de la sienne ? Tu le laisses tranquille ou c’est moi qui m’occupe de toi. »

 

Philippe était devenu un dentiste très apprécié, route de Paris d’abord, ensuite rue Gambetta, à Périgueux. Sa bonne humeur, sa courtoisie, sa bienveillance faisaient de lui un gentleman, race d’humains en perdition. La musique classique emplissait sa salle d’attente.

 

Marie-Annick qui fut une de ses patientes pendant près de 30 ans et moi qui fut un de ses camarades de jeunesse, fûmes très attristés par cette nouvelle inattendue. Je l’étais d’autant plus que j’avais toujours souhaité le rencontrer pour lui dire, si longtemps après, combien je lui étais demeuré reconnaissant de son geste.

 

Gérard Darmanin envisagerait de revenir sur les soi-disant niches fiscales du Chèque Emploi Service, aide à la personne, dispositif instauré pour éviter le travail clandestin et permettre à des salariés de travailler pour les employeurs qui les respectent. Cette suppression me propulserait hors de la maison des bois et de ce jardin pour lequel j’ai tant travaillé.

 

Jour où je recevais l’enregistrement très attendu des œuvres pour violon et piano de Louis Aubert enregistré pat Stéphanie Moraly et Romain David.

 

 

     
   
     

 

Ce 4 février était aussi le 69ème anniversaire de José, l’artiste. Mais encore l’anniversaire de la création à Vienne, en 1864, de Die Rheinnixen, unique opéra de Jacques Offenbach dont la création scénique française a eu lieu le 28 septembre 2018. Que de temps pour saluer un de nos plus estimables musiciens ! □