Un saint des derniers jours, Randall K. Bennett
Lundi 23 et mardi 24 septembre 2019
Un saint des derniers jours, Randall K. Bennett
En pleine nuit, à 4h00 du matin, je me réveille et ouvre l’ordinateur.
Incroyable surprise, il y avait là un message de Randall k. Bennett posté à 3h10.
C’est depuis 1976 ou 1977 le premier signe que je reçois de lui.
Joie intense et rédemptrice !
Randall & Shelley Bennett avec Joyce & John Larsen Les authentiques saints des derniers jours |
Déjà, samedi dernier, John Larsen me transmettait les salutations affectueuses de Randall par Messenger, messagerie de Facebook : « …Aujourd’hui, ma femme (Joyce) et moi avons eu le grand plaisir de déjeuner avec Randall K. Bennett et sa femme, Shelley. Je lui ai dit que vous et moi étions connectés sur Facebook. Il voulait vraiment que je dise bonjour. Il voulait aussi que je vous dise qu’il vous aime. Nous avons pris des photos après le petit-déjeuner et j’en ai inclus une ici. En 1975, Elder Bennett quitta Pau pendant un moment puis fut réaffecté dans cette ville une seconde fois. C’est alors au début de 1976 que lui et moi étions compagnons. Il était mon compagnon préféré de toute ma mission… »
Pau : Elder John Larsen et Randall K. Bennett |
Elder John Larsen et mon ami Jean-Jacques Beyney Rodez (Aveyron) |
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Pour autant, je ne m’attendais pas cette nuit à ce message si chaleureux. Un ange est venu me réveiller alors que Randall venait de l’écrire ! John Larsen lui avait transmis mon adresse de messagerie… Il est des êtres qui sont venus au monde pour y faire du bien, uniquement du bien, malgré de terribles épreuves. Peut-être est-ce cela la Présence de Dieu sur terre.
Aux temps reculés du siècle passé, les échanges internet n’existaient pas, nous échangions de courtes lettres ou des faire-part de mariage, car c’était l’étape essentielle qui suivait une mission durant laquelle l’abstinence est de rigueur. On ne plaisante pas sur ces choses-là dans l’Église ! Et que faire dans sa vie, sinon créer une famille ?
Par exemple, mes échanges internet et Facebook avec Blaine A. Mero sont réguliers même si ce ne sont pas des échanges intenses. Ainsi, j’ai eu l’opportunité de découvrir une page qui respire la santé, la joie, l’amour, celle de Jase Bennett, le fils de Randall. Blaine est ami avec lui. Jase et Rachel sont les heureux parents de la plus belle fratrie (six magnifiques enfants) dont on peut rêver. Mais je ne voyais pas comment entrer en contact avec celui qui, en 1975, fut mon compagnon missionnaire, et bien que tout nouvel arrivé, exemplaire, et même exceptionnel.
Il n’existe qu’un petit nombre d’êtres pour m’avoir impressionné à ce point. Randall ressemblait plus pour moi à un ange qu’au charmant jeune homme canadien d’à peine 20 ans (il est né en Alberta au Canada, le 17 juin 1955) qu’il incarnait alors. Sa hauteur spirituelle était à peine croyable à un si jeune âge. Je ne peux la comparer qu’à celle de Monseigneur Jean Briquet que je voyais à plus de 90 ans et qui vivait dans la prière permanente comme me le disait son ami, le cher Père Pierre Pommarède.
Ma mémoire est sans doute défectueuse, au moins très imparfaite, mais je crois que nous nous trouvions à Bordeaux pour une Conférence Missionnaire, tous réunis autour de notre Président de Mission, Willis D. Waite, un personnage unique dont je parlerais le moment venu. La Mission française allait être scindée en deux zones : Paris et Toulouse. J’eus un entretien privé avec notre Président très estimé lors duquel il me dit qu’il arrivait au terme de sa propre mission de cinq ans. Mais qu’avant de partir, il voulait me faire deux cadeaux. D’abord, comme il ne connaissait pas son successeur à Paris, mais qu’il connaissait et appréciait Frère Broschinky, il me dit : « Je sais que vous vous entendrez bien avec lui, aussi je vous affecte dans la Mission Française de Toulouse (dont Bayonne où vous êtes actuellement fait partie). Il m’annonça ensuite son second cadeau : « Je vous affecte à Pau avec un nouvel arrivant qui sera votre compagnon. Je suis certain que vous apprécierez Randall K. Bennett, car il est le plus spirituel et gentil des nouveaux missionnaires que je viens d’accueillir. »
L’équipe Randall K. Bennett & Jean Alain Joubert. Pau, printemps-été 1975 |
Président Waite craignait pour ma santé et une certaine fragilité psychologique (lui qui était psychologue) et je suis certain qu’il fit quelques recommandations à Randall, ce que ce dernier bien sûr ne dira jamais. Comment alors ne pas admettre que Willis D. Waite prenait vraiment soin de moi et me fit, en effet, deux magnifiques cadeaux.
Si j’ai tendance à user de réflexion, d’expériences pour prendre des décisions, donc en usant de mes capacités intellectuelles, Randall se laissait guider par la prière qui était une seconde nature chez lui. J’étais le senior donc le responsable de notre équipe, j’avais déjà eu d’autres juniors à Paris puis à Bayonne et sans doute, j’exerçais, un peu maladroitement mes nouvelles prérogatives. Un matin, lors de la préparation de notre plan d’action de la journée, j’émis le désir d’aller prospecter dans un secteur de la ville, mais Randall proposa une toute autre idée. Un peu contrarié par mon insistance, il me demanda de pouvoir se retirer pour aller prier. Au bout d’un moment il revint et me fit cette déclaration troublante : « Peut-être mon idée est-elle bonne, mais c’est vous le responsable et c’est mon devoir de suivre votre plan. » Si j’avais été intelligent, j’aurais opté pour son choix, ne serait-ce que par gentillesse et respect, mais je n’avais pas sa hauteur spirituelle. J’ai toujours regretté de lui avoir fait de la peine, car personne ne méritait moins que lui qu’on agisse comme je le fis stupidement. Toutefois, je suis resté admiratif devant cette merveilleuse humilité. Il possédait une capacité spirituelle réservée seulement aux saints. Il priait beaucoup et se laissait guider. Le succès indéniable de sa mission provient sans doute de sa conviction, de son total investissement dans les responsabilités qui lui étaient confiées. J’ai la certitude qu’il fit de même dans son couple, avec ses enfants, sa clientèle professionnelle et dans ses diverses responsabilités au sein de l’Église. En fait ce n’est pas lui qui décide, c’est ce que la prière lui inspire. Il est au service d’une force plus grande que nous, puis des autres…
Je n’ai jamais eu de ‟révélation” le concernant, comme j’ai pu en avoir par exemple pour Neil L. Andersen, toutefois instinctivement, je regardais toujours sur le site de l’Église s’il n’apparaissait pas dans le Conseil des Soixante-Dix, là où j’avais eu la joie d’y découvrir en 1993, Neil Andersen. Et un jour, en 2011, j’eus l’immense joie de voir que les dirigeants de l’Église avaient cautionné la qualité spirituelle de ce frère. J’avais compris depuis longtemps, que Randall était une lumière pour cette Église.
Pau 1975 : Les deux équipes de missionnaires & une des deux soeurs missionnaires |
1975 : mon départ de Pau pour Toulouse | |
Ce fut un vrai privilège de travailler avec lui, d’observer sa discrétion, son humilité, sa disponibilité et ainsi, je fus enseigné de ce qui est essentiel dans la vie. Si bien, que lorsque une missive arriva pour m’inviter à rejoindre les bureaux de la Mission Française de Toulouse, je ne pouvais pas être complètement heureux de cette opportunité. De devoir quitter Randall a été quelque chose de profondément triste, voilà sans doute pourquoi je l’invitais à poser pour une photo burlesque où j’essuyais mes larmes sur sa cravate, lui devant exulter de joie de se savoir enfin débarrassé de moi. En réalité, j’étais à la fois excité par mon nouvel appel de « Mission Recorder » (Secrétaire de Mission) et triste de devoir abandonner un partenaire aussi édifiant. Si j’avais deviné ce qui m’attendait à Toulouse, la cravate de Randall n’aurait pas suffit à éponger ma tristesse.
1976, retour à la Mission française de Toulouse avec en autre, Elder Randall K. Bennett, Elder John Larsen Jean Alain Joubert, Elder Jeffrey Smith, Elder Christian Euvrard… |
Mon arrivée à Toulouse fut marquée par un événement que je préférerais taire, mais qui eut une trop grande incidence sur moi pour que je puisse en faire l’impasse. Nous devions, durant quelques jours seulement, faire équipe à trois, le plus ancien des deux missionnaires terminant sa mission ces prochains jours. Je ne connaissais ni l’un ni l’autre et d’ailleurs n’en garde qu’un très vague souvenir. Ceux-là je ne les pas aimés du tout. Le junior compagnon avait sans doute des griefs contre le responsable de l’équipe, si bien que devant moi, ils commencèrent à échanger des mots vifs sans que je comprenne vraiment ce qu’ils se disaient ; malheureusement, les coups de poings suivirent jusqu’à finir par se rouer de coups au sol. Aucune de mes exhortations à cesser ce combat fratricide n’y faisant, je fus pris de panique et je m’enfuis complètement désemparé de la mission sans savoir où j’allais, ne connaissant pas Toulouse. Or, un missionnaire ne doit jamais rester seul. Après bien des recherches, Président Broschinsky et ses assistants partis à ma recherche, me trouvèrent assis sur un banc dans un parc en train de pleurer, bouleversé par ce que je n’aurais jamais pu imaginer. Je l’expliquais à Frère Broschinsky qui était très attristé par l’accueil étrange que m’avaient réservé mes nouveaux compagnons ; je ne m’attendais pas à assister à cela dans l’Église et à plus forte raison sur le QG de la Mission. C’est alors, tant je ressentais de tristesse d’avoir quitté un missionnaire aussi remarquable pour être plongé dans une bataille aussi violente, que je lui dis : « Si vous avez besoin de responsables dignes de leurs appels, allez donc visiter Elder Bennett à Pau. » Elder Bennett est, en effet, devenu Assistant de Président Broschinsky quelques temps après la fin de ma mission et ce fut évidemment une coopération de si grande qualité que tous s’en souviennent avec bonheur. Mais j’ai pensé aussi que Président Waite lui avait soufflé le nom de Randall Bennett. C’est d’ailleurs le seul nom que je pourrais recommander, encore aujourd’hui, en toute certitude. Je fus vite consolé de cet incident regrettable car je reçus bientôt un nouveau compagnon, absolument charmant, rieur, joyeux et éminemment sympathique, Elder Jeff Smith.
Dans mon texte « Avoir été mormon », de février 2019, j’évoque une de mes polissonneries dont je pense que Randall s’en souvient encore :
« …J’ai fait l’expérience moi-même du peu d’enthousiasme suscité par nos visites de porte en porte (comme le font les Témoins de Jéhovah). On ne m’a certes pas craché dessus comme sur Georgette Lalaus (Article du Journal Marianne n° 1138 du 1er au 10 janvier 2019, reportage intitulé « Qui es-tu mormon ? »), mais j’ai eu droit, mes compagnons missionnaires avec, à quelques quolibets peu avenants. Il me faut avouer, que j’ai bénéficié aussi de quelques fous rires mémorables. Par exemple à Pau où, avec Elder Randall K. Bennett, nouvellement arrivé, un peu timide, inexpérimenté, une ménagère est arrivée à la porte en robe de chambre défraîchie et bigoudis sur la tête, et que, suffoqué par cette apparition ‟halloweenesque”, je me suis effondré de rire sur la première marche de l’escalier, laissant mon pauvre compagnon tenter de s’exprimer au milieu de mes soubresauts irrépressibles ! J’ai honte de lui avoir infligé cela et d’avoir sidéré cette pauvre malheureuse avec laquelle la conversion fut immédiatement exclue ! »
Dans mon premier texte daté du 8 février 2019, « Qui es-tu Mormon ? », j’évoque déjà mon ancien compagnon missionnaire :
« À Pau, j’avais un compagnon missionnaire nouvellement arrivé, d’une hauteur physique et morale remarquable, Randall K. Bennett. Il est aujourd’hui une des Autorités Générales de l’Église, membre du Conseil des Soixante-dix. Et s’il existe un seul être au monde auquel il me soit impossible de trouver un seul défaut, c’est bien lui, il m’est agréable de le reconnaître. Ma santé était déjà à cette époque très altérée, sa patience fut à peine croyable pour un garçon d’à peine 20 ans. Il est rapidement devenu Assistant du très estimé Président de Mission, Frère Broschinsky, peu après la fin de ma mission. »
Une visite de mes deux anciens compagnons missionnaire en 1976, Elder Jeffrey Smith et Elder Randall K. Bennett chez mes parents à Coulounieix avec Chistine Jensen |
Mes agaceries lors de la visite en 1976 | |
Et enfin dans mon plus récent texte, dédié à Arnaud, intitulé « Chemin d’automne », daté du 30 et 31 août 2019, après avoir beaucoup parlé de mon ami avec ce jeune membre de la branche de Périgueux, j’écrivais ceci :
« J’ai beaucoup parlé de Randall K. Bennett, car si pour lui rien ne m’a été ‟révélé”, j’ai toujours eu un immense respect pour ce garçon qui incarnait une authentique élégance morale. Depuis 1975, il ne devait, sans doute pas être seul à réunir autant de qualités justifiant d’accéder au rang de l’élite de l’Église. Et cependant, sans m’avoir consulté ( !), l’Église a appelé Randall à de hautes responsabilités, dans le Conseil des Soixante-Dix ! »
Ainsi dans mes différents textes publiés sous l’intitulé « Le temps Mormon » on observe assez vite que beaucoup de ce que j’y relève de positif et d’affectif est lié à la personnalité de Randall. Il n’a certes pas été le seul à me donner cette haute estime de cet univers particulier que j’ai peut-être renié (à tort où a raison) mais qui demeure ma colonne vertébrale. J’ai vu au cours de ma vie pas mal de charognes bouffer aux râteliers propices à leurs seuls intérêts personnels au mépris de tout honneur, et si je n’ai jamais fléchi sur la question de l’intégrité, c’est certainement dû à cette formation missionnaire rigoureuse, intransigeante sur les questions de dignité.
Dans un de mes messages adressé ce lundi dans la journée, après notre premier échange de nuit, j’invitais Randall à prendre connaissance de mes écrits, en particulier sur l’Église et je lui disais, sans trop de crainte cependant : « Lorsque tu auras lu tout cela, je te laisserais juge de la relation que tu voudras ou pas poursuivre avec moi. »
Randall & Shelley Bennett |
La dynastie Bennett, Jase & Randall K. Bennett
Tabernacle de Salt Lake City |
Sa réponse est pour le moins magnifique : « Alain, tu as béni ma vie, et même si nous avons des opinions, des croyances ou des valeurs différentes, cela ne change rien à ce que je ressens pour toi, ce que j’ai toujours ressenti pour toi. Tu es aimé et admiré et je suis béni de te connaître ! Ma femme ne t’a jamais rencontré, mais elle te dirait que je lui ai parlé de toi, avec beaucoup de respect et d’amour, depuis 42 ans que nous sommes mariés. Je souhaite seulement que nous puissions revenir en France et te voir ! »
Ainsi, Randall est un authentique gentleman qui possède le respect des autres au plus haut degré, ce dont je le reconnais, je ne suis pas un exemple, au contraire même. Aussi, je me demande si on nous a présenté Dieu comme il faut. Pourrait-il être moins bienveillant que Randall ? Je ne peux l’imaginer, alors Dieu pourrait bien être la magnificence de ce que nous observons de plus noble chez les humains. On nous a trop causé d’un dieu vengeur, culpabilisant, excommunicateur et exterminateur, ce qui sert l’intérêt des églises, des despotes terriens, mais a pour triste conséquence de desservir considérablement la tendresse que nous devrions partager avec notre créateur. Si Dieu n’est pas AMOUR, il n’est rien, il est inutile, nuisible. Alors je propose que nous lui rendions sa véritable identité au regard de ceux qui le représentent le mieux sur terre. Ainsi, mon frère et ami Randall et quelques autres, nous permettent d’imaginer sa véritable identité, bienveillante, chaleureuse, lumineuse. ♦